Fatwa

En France, on aime à mettre des étiquettessur tout et tout le monde. Avant même d'être officiellement remis à son destinataire - le président de la République - le rapportde la commission présidée par Jacques Attali ne fait pas exception. Le travail de l'ancien conseiller de François Mitterrand et de ses quarante commissaires est déjà dénoncé comme le cheval de Troie d'un libéralisme avec lequel la France entretient des rapports de méfiance, voire de défiance. Dans notre pays, dire d'un document qu'il est libéral ou - plus hypocrite encore - " d'inspiration libérale " prend des airs de fatwa. Avec un tel handicap de départ, les propositions et les mesures de la commission Attali auront donc bien du mal à faire consensus alors que,à y regarder de près, un esprit libre y verra surtoutune ode au bon sens économique. Mais rienn'est plus dérangeant que le bon sens s'il se piquede faire reculer les conservatismeset les corporatismes. Or le rapport Attali entend manifestement ébranler le cocotier des privilègeset des connivences. Alors il faut s'attendre à voirse liguer contre lui tous les bénéficiaires de renteset de situations acquises, économiques, politiques, sociales. Cela peut faire beaucoup de monde.Assez en tout cas pour faire réfléchir le présidentde la République et le gouvernement lorsqu'il faudra passer au stade de la mise en oeuvre. Car on peut compter sur un tir de barrage de groupes de pression agissant pour le compte d'intérêts influents politiquement et économiquement. Chauffeurs de taxi, notaires, pharmaciens, conseillers généraux, enseignants et chercheurs rétifs à l'évaluation, commerçants, administrations... la liste de ceuxqui ont intérêt à voir le rapport Attali finir au fondd'un tiroir est longue. Mais, et c'est source d'espoir, peut-être pas autant, numériquement, que celle des catégories de Français - étudiants sans débouchés, jeunes sans qualification, seniors sacrifiés, salariés précaires - qui sont aujourd'huiles laissés-pour-compte d'un système héritéde la période des " trente glorieuses "et inadapté aux défis du XXIe siècle.
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