Gros bras

Après la spectaculaire baisse des taux d'intérêt décidée hier, on ne pourra plus taxer la Fed et son président de pusillanimité ou d'indécision. Il était temps, car le pilotage du président de la banque centrale américaine dans la tempête financière était vigoureusement mis en cause depuis l'automne—malgré trois baisses de taux consécutives en trois mois fin 2007— par ceux qui voyaient la crise immobilière conduire l'économie américaine tout droit à la récession. La détente d'hier, d'une ampleur inaccoutumée, remet les pendules à l'heure. Ben Bernanke montre qu'il sait frapper fort et au moment opportun. Après deux journées de déroute boursière planétaire, la Fed a voulu envoyer un signal aux marchés financiers qu'elle prenait au sérieux les risques de récession américaine qui hantent les investisseurs du monde entier. Il en faudra davantage pour convertir ses détracteurs car le résultat est mitigé. Rassurées de voir la banque centrale américaine agir dans l'urgence, les places européennes ont repris, après quelques hésitations, le chemin de la hausse. À Wall Street, en revanche, tout en étant bienvenus, le fort relâchement du loyer de l'argent et l'anticipation d'une décision programmée pour la fin du mois étaient perçus comme la confirmation que les inquiétudes sur l'état de santé de la première économie du monde sont fondées et partagées par la Fed. Ben Bernanke et ses pairs n'avaient probablement pas le choix, sauf à prendre le risque que l'incendie boursier reparte à partir de Wall Street. Mais il leur faut désormais croiser les doigts et espérer que leur opération produira les effets escomptés. Compte tenu de l'ampleur du geste consenti sur les taux et de l'impact psychologique qui devrait l'accompagner, le pari est raisonnable. D'autant plus si le président Bush et la majorité démocrate du Congrès évitent de transformer le plan de relance annoncé la semaine passée en enjeu électoral. L'ensemble relance-assouplissement des taux-mesures additionnelles de soutien au marché immobilier possède le potentiel nécessaire pour remettre l'économie américaine d'aplomb et lui permettre de traverser une passe difficile en ce début d'année. Tout autre scénario serait lourd de menaces pour l'ensemble des économies mondiales car, de son propre aveu, la banque centrale américaine n'a désormais plus de munitions en réserve.
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