Second life

Un trader fou, celui qui vient de ridiculiser l'un de nos plus prestigieux fleurons bancaires ? Pas si maboul que cela ! Au contraire, un homme qualifié " d'intelligent " par sa victime, le président de la Société Générale. Supérieurement intelligent même puisque, à lui tout seul, il a dissimulé ses combines dans un univers virtuel, abusé ceux qui étaient chargés de le superviser, berné toutes les procédures de contrôle interne et roulé les spécialistes au sein de l'entreprise garants de leur bon fonctionnement. Excusez du peu ! Si l'affaire n'était pas aussi grave, on serait tenté d'y voir du génie, lequel, on le sait, est souvent proche de la folie. Car il faut une sacrée dose d'ingéniosité pour réaliser un tel " exploit ". Comment une banque de ce calibre vantée pour son expérience des activités de marchés a-t-elle pu en arriver à cette infortune ? Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour découvrir l'étendue des dégâts ? Alors que les banques investissent des fortunes pour se doter de systèmes informatiques sécurisés ultra-performants et dépensent sans compter en hommes et en temps pour se prémunir contre de telles mésaventures ! Ah, oui, sacrément malin et inventif, le Monsieur K de la Société Générale. Plus fort encore que tous ceux qui jusqu'alors faisaient référence en matière de délinquance financière. Plus fort que Nick Leeson, l'adolescent attardé qui enterra une banque vieille de plusieurs siècles, la Barings. Plus fort que Brian Hunter qui mit à genoux le fonds américain Amaranth avec ses " deals " hasardeux. Plus fort aussi que le troisième larron de cette trinité de la fraude mondiale, Yasuo Hamanaka, auteur d'un hold-up ruineux pour la firme japonaise Sumitomo. Au lendemain de chacun de ces scandales, on se souvient de ces légions de banquiers - français compris - qui juraient la main sur le coeur que jamais ce genre de chose ne pourrait se produire chez eux. À chaque fois, le monde financier a promis d'en tirer les leçons et de se montrer plus exigeant que jamais en matière de contrôle des risques. Les déboires de Calyon et de la Société Générale, le tableau d'horreur des subprimes montrent bien que, au mieux, on n'est pas allé assez loin dans cette voie et, au pire, que les leçons tirées n'étaient pas les bonnes. Dans le cas de la Société Générale, la conclusion qui s'impose est que, tout bien considéré, entre la banque et son employé, le plus fou des deux n'est pas celui qu'on pense...
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