Lucidité

Est-ce grave docteur ? À cette question, les responsables politiques répondaient invariablement ces dernières semaines que le mal qui ronge la sphère financière depuis des mois n'était pas contagieux et que l'économie dite " réelle " était à l'abri. Personne n'y croyait vraiment mais tout le monde trouvait dans ces propos rassurants une bonne raison de ne pas s'alarmer avant l'heure. Désormais, il va falloir changer de refrain car le risque de contamination n'est plus jugé possible mais probable. Notamment par le Fonds monétaire international qui vient de réviser à la baisse ses projections pour l'année en cours. Et l'ampleur inhabituelle de cette correction concernant en particulier les économies américaine et de la zone euro donne la mesure des inquiétudes des experts de l'organisation internationale quant aux retombées négatives de la crise financière. Le FMI n'est pas le seul à rejeter le scénario d'une crise indolore pour l'économie " réelle ". De l'aveu de son président, la Commission européenne, à son tour, va dans les prochaines semaines procéder au même exercice. Les consommateurs, eux, n'ont pas attendu pour tirer leurs propres conclusions des turbulences financières des derniers mois comme en témoignait hier le fort recul du moral des ménages en France et aux États-Unis. La consommation étant le principal moteur de l'activité économique dans ces deux pays, on conçoit aisément la gravité des conséquences potentielles d'une restriction des comportements d'achat. Dans un contexte où les certitudes sont éphémères, les Français seront sans doute un peu éberlués d'entendre leur ministre des Finances se glorifier de la " solidité " de l'économie hexagonale comme si nous vivions sur une autre planète à l'abri de tout. Si l'on accepte ce postulat - discutable -, sera-t-il encore vrai dans un mois ou dans six mois ? Par quel miracle la France serait-elle, seule, épargnée par une crise qui va affecter, à des degrés divers, toutes les économies mondiales cette année ? Pour tout esprit lucide, ce scénario est aussi crédible que celui qui prétendait il y a deux décennies que la France avait été épargnée par le nuage radioactif de Tchernobyl. Le risque sanitaire en moins. Le risque de panne économique en plus.
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