Confiance à prix discount

C'est à une sorte de sondage de popularité grandeur nature auprès des investisseurs que la Société Générale va procéder dans les prochains jours, en lançant son augmentation de capital. Et comme la banque de La Défense n'a pas envie d'ajouter à son début d'année calamiteux une démonstration de défiance des marchés financiers, elle a choisi de mettre toutes les chances de son côté pour s'éviter un désaveu des investisseurs et de ses propres actionnaires. Alors, à situation exceptionnelle - et nul ne peut contester que la combinaison de l'effet Kerviel et de la facture du subprime constitue une circonstance sans précédent -, mesures exceptionnelles. En proposant les nouvelles actions de la banque avec un rabais de près de 40 % par rapport à son dernier cours de la fin de la semaine passée, les dirigeants de la banque se donnent les moyens de réussir leur opération à bon compte. De là à présenter ce succès ultérieurement comme un vote de confiance des investisseurs dans l'avenir de la Société Générale, il y a un grand pas que personne ne franchira, tant la réponse est connue d'avance. D'abord, parce qu'il est clair que les deux grandes banques américaines qui, dès l'annonce de l'augmentation de capital, il y a deux semaines et demie, avaient apporté leur garantie à cette opération ont pesé de tout leur poids sur la détermination du prix des nouvelles actions. Compte tenu des incertitudes qui entourent le sort de la Société Générale, il était impératif pour les deux intermédiaires que ces actions partent comme des petits pains et que, à l'issue de l'opération, elles ne leur restent pas sur les bras. Cette forte démonstration de confiance ira certainement droit au coeur du management, des personnels et des actionnaires de la Générale ! Mais c'était le prix à payer pour avoir la certitude de faire rentrer les 5,5 milliards d'euros de capital nouveau dans les caisses. Elle ira également droit à leur portefeuille, tant il est fondamental pour la banque que ses actionnaires actuels ne la lâchent pas dans cette passe difficile et que la structure de son capital ne subisse pas de modification majeure à l'occasion de cette opération. En ouvrant la porte de son capital, la Société Générale n'ignore pas qu'elle prend le risque de faire entrer le loup dans la bergerie.
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