Révolution industrielle

C'est une tranquille mais profonde révolution qui est en train de se produire dans l'industrie automobile américaine. Les trois grands constructeurs de Detroit ont programmé la mort du modèle industriel et social qui a dominé ce secteur pendant près d'un siècle. L'annonce hier par General Motors d'un vaste plan de départs volontaires, destiné à ses 74.000 ouvriers syndiqués, signe le préavis de décès de ce système qui aura mené l'industrie automobile américaine au bord de la ruine. Au temps où GM, Ford et Chrysler régnaient sans partage sur leurs terres, rien n'était trop beau pour leurs salariés. L'automobile a ainsi été pendant des décennies le laboratoire où s'échafaudaient les avancées sociales outre-Atlantique. L'arrivée puis la montée en puissance de la concurrence - principalement japonaise - ont sonné le glas de ce système. Produisant sur le sol américain dans des usines largement non syndiquées à des coûts ultra-compétitifs et avec des modèles innovants, les constructeurs d'outre-Pacifique sont venus bousculer les constructeurs américains sur le propre marché, Toyota commettant même l'affront suprême de supplanter Chrysler, puis, plus récemment, Ford dans le coeur des automobilistes locaux. Le dos au mur, Detroit n'avait pas d'autre choix que de se remettre en question. Un premier pas décisif a été accompli l'été dernier avec l'accord historique conclu avec le syndicat de l'industrie automobile sur les engagements de retraite de la branche. Au prix de dizaines de milliards de dollars, GM et ses deux rivaux se sont libérés de leurs obligations futures qui obéraient leurs coûts de production et ouvert une brèche dans le monopole du syndicat. Le principe d'un barème salarial à deux vitesses acquis à cette occasion sert de fondement aux plans de départs volontaires que proposent aujourd'hui les Big Three. En cas de succès, cette opération devrait leur permettre de réduire drastiquement les coûts salariaux et les mettre en position de résister plus efficacement à la marée japonaise. Il leur restera ensuite pour relever le gant de la concurrence étrangère à prendre le virage de l'innovation et à intégrer les préoccupations environnementales pour retrouver les faveurs des familles américaines. La route est encore longue.
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