Shopping blues

Pour un peu, on se réjouirait presque de voir les États-Unis afficher un déficit commercial de plus de 711 milliards de dollars pour l'année 2007. Ceux qui se souviennent des querelles récurrentes ces dernières années sur les effets déstabilisants des " déficits jumeaux " américains n'y verront pas matière à pavoiser. Se réjouir ? Et de quoi ? Pour commencer, du fait que c'est la première fois depuis six ans que ce chiffre n'augmente pas par rapport à l'année précédente. Modeste satisfaction, dira-t-on, mais suffisamment rare pour que le fait soit souligné. Ensuite, parce que cette performance relative met un terme à une véritable série noire pour le commerce extérieur américain de cinq records annuels consécutifs. Là aussi il importe de savoir savourer les succès, même les plus modiques. Car il ne faut pas rêver, cela fait des lustres que le solde commercial des États-Unis n'a pas été à l'équilibre ou excédentaire et il faudra probablement attendre aussi longtemps pour qu'il le redevienne. Et, avouons-le, le léger mieux enregistré en 2007 pourrait fort bien n'être qu'éphémère. La récession du marché immobilier qui menace de se muer en récession tout court a fortement incité les ménages américains à se serrer la ceinture. Leur goût pour les produits importés s'en est ressenti comme l'atteste la baisse des importations sur l'ensemble de l'année alors que, portées par le dollar faible, les exportations ont progressé. Mais ne nous réjouissons pas trop et trop vite car l'embellie de 2007 est fragile parce que seulement de circonstance. Une fois digérés les effets de la crise immobilière, une fois dissipée la morosité - dans six mois ? dans un an ? -, il y a une forte probabilité pour que les consommateurs américains reprennent goût au " shopping " et se remettent à creuser frénétiquement le trou de leur déficit commercial. On note d'ailleurs que les foyers américains ont levé le pied sur les biens d'importation les plus onéreux provenant des pays à monnaie forte comme le Canada et l'Europe. En revanche, les produits de consommation à bas prix venus de Chine n'ont rien perdu de leur popularité car l'excédent commercial engrangé par l'empire du Milieu ne s'est jamais aussi bien porté.
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