Bertelsmann prépare le changement de génération. Le conseil de surveillance a désigné vendredi Thomas Middelhof, quarante-quatre ans, pour succéder à Mark Wössner à la présidence du directoire en octobre 1998. Une consécration pour le responsable de la stratégie et des activités multimédias, qui a fait ses débuts dans le groupe il y a un peu plus de dix ans. Stephan Krümmer (quarante ans), directeur des clubs de livres en langue allemande, n'a pas obtenu un siège au directoire. Mark Wössner aura longtemps pesé son choix. Il y a quelques temps, certains observateurs voyaient plutôt Michael Dornemann, responsable des activités musique et audiovisuel, prendre les rênes du groupe. Mais celui-ci n'a pas le charisme d'un Middelhof, « communicateur convaincant », et il a subi quelques déboires dans l'audiovisuel avec ses accords ratés avec Kirch, qui ont entaché un temps l'image du groupe. S'il a réussi à tirer, à l'avantage du groupe, son épingle du poker dans le numérique avec le magnat de l'audiovisuel, en s'associant à la fois avec la CLT et l'allemand WAZ, il préfère, semble-t-il, partager son temps entre Munich, Gütersloh et New York, où il serait « irremplaçable ». L'arrivée de Thomas Middelhof sur la plus haute marche n'est pas étrangère non plus à la nouvelle stratégie que s'est fixée le groupe. Les nouveaux médias et le monde du cyberespace sont au coeur des priorités. Ils deiennent un secteur à part entière avec un directoire de cinq personnes. L'essentiel des investissements ces derniers temps a été consacré à la télévision et au multimédia, dont le rythme futur de croissance doit nettement dépasser celui des autres secteurs. Bertelsmann n'a pas démenti une information du Wall Street Journal indiquant qu'il soutiendrait l'offre d'achat faite par le groupe américain de services en lignes AOL pour reprendre son concurrent Compuserve. Bertelsmann avait créé en 1995, avec AOL, la filiale européenne qui annonce aujourd'hui 300.000 abonnés. Une réussite limitée pour l'instant. Mais Thomas Middelhof reste persuadé que, pour conserver son leadership dans la communication, il doit attaquer sur le secteur et multiplier les alliances. Continuité. Mark Wössner, qui atteindra l'an prochain l'âge limite pour un directeur (soixante ans), continuera à contrôler de près l'évolution d'un groupe qu'il a, en quinze ans, hissé au deuxième rang mondial, puisque la continuité fait aussi partie des mots clés de la nouvelle stratégie. Il sera élu l'an prochain président du conseil de surveillance de Bertelsmann. Et prendra également la direction de la fondation créée par Reinhard Mohn qui détient les participations de la famille dans le capital. Pour l'exercice clos fin juin, il annonce un résultat d'exploitation consolidé de 1,6 milliard de marks (+ 3,3 %). Mais le résultat net sera moins bon que prévu, compte tenu des dépenses liées à la fusion de CLT et UFA. Bénédicte de Peretti, à Munich