British Steel tarde à rejoindre Europipe

Par latribune.fr  |   |  484  mots
British Steel rejoindra-t-il Europipe ? La question reste à l'ordre du jour. Mais force est de constater que la décision tarde à venir. Elle risque même de prendre encore un certain temps. En septembre 1994, voilà bientôt un an et demi, le sidérurgiste britannique annonçait être en négociation avec Usinor-Sacilor et Mannesmann pour rejoindre leur société commune, leader mondial des gros tubes d'acier soudés. En réalité, cette négociation avait commencé dix-huit mois plus tôt, dans un contexte de marché maussade. Officiellement, l'entreprise anglaise cherchait alors à « apprécier les avantages pouvant découler de sa participation à Europipe ». Dans les faits, elle n'avait plus guère le choix. Face aux aciéristes nippons, et plus largement asiatiques, le marché des gros tubes soudés, essentiellement destinés au transport du pétrole et du gaz, était devenu ultra-concurrentiel. Au début des années 90, le secteur avait dû faire face à l'éclatement de l'URSS, très gros importateur de ces tubes. Dès lors, d'importantes surcapacités ont vu le jour en Europe, entraînant une sévère baisse des prix. D'où une sévère perte de compétitivité pour British Steel Pipe, tandis que, dès 1991, Usinor-Sacilor et Mannesmann mettaient leurs forces en commun. « Nous sommes toujours en discussion avec les membres d'Europipe, sans qu'aucune position définitive ne soit arrêtée », indiquait-on hier chez le groupe britannique. Il est vrai que les conditions du marché ont quelque peu évolué. « Ce métier permet de gagner de l'argent tantôt en aval, tantôt en amont de l'activité. Or, compte tenu des hausses du prix de l'acier, les marges sont aujourd'hui réalisées par les sidérurgistes et non par le transformateur », explique un cadre d'Europipe. Autrement dit, British Steel n'a pas grand intérêt à précipiter son entrée dans l'entreprise franco-allemande, se contentant des bénéfices tirés de la production des plaques d'acier nécessaires à la fabrication des tubes. De leur côté, Mannessmann et Usinor-Sacilor ne semblent pas mettre la même ardeur à voir entrer le britannique. Le groupe français a récemment décidé de réduire sa participation de 70 % à 48,75 % dans l'allemand Dilling, sortant par là même de son périmètre consolidé GTS Industrie (Dunkerque), ces deux entreprises fabriquant des plaques pour Europipe. Son poids dans le fabricant de tubes s'en trouve donc amoindri, et il ne verrait pas d'un mauvais oeil de procéder à un « rééquilibrage » avec l'arrivée de British Steel. Une perspective qui, tout au contraire, ne semble pas enthousiasmer Mannesmann, les allemands assurant pour l'instant le management de l'entreprise. Dernier obstacle, mais non des moindres : une alliance anglo-franco-allemande créerait une position ultra-dominante sur le marché européen des tubes en acier. Le dossier s'annonce d'ores et déjà difficilement défendable auprès de Bruxelles. Jean-Pierre Gratien, à Joeuf