L'Etat belge devrait financer une partie du plan social de Renault Vilvorde

Par latribune.fr  |   |  634  mots
L'objectif « zéro licencie-ment », principale revendication des syndicats belges de Renault Vilvorde depuis le début de la semaine, est-il sur le point d'être atteint ? Après une longue nuit de négociation qui s'est terminée jeudi à quatre heures du matin, les délégués syndicaux, la direction de Renault Industrie Belgique et les conciliateurs sociaux ont en effet quitté le ministère belge du Travail avec un projet d'accord social en poche. Cet accord qui ne concerne que les ouvriers, soit 85 % des effectifs, prévoit notamment la mise en chômage technique pendant deux ans des salariés qui ne retrouveraient pas d'emploi. Seulement cet accord devra nécessiter un changement de la législation belge, qui n'autorise pas le chômage technique plus de quatre semaines. Toutefois, des dérogations ont déjà été accordées pour des périodes de dix-huit mois. Aux termes de ce pré-accord, les salariés qui ne bénéficieraient ni d'une préretraite ni d'un reclassement resteraient sous contrat Renault pendant deux ans, payés à la fois par l'Etat belge et par le constructeur automobile français. Dans le cadre d'un système de treize semaines de chômage temporaire suivies d'une semaine de travail (et ainsi de suite), l'Etat belge verserait en allocations chômage autour de 35.000 francs belges (5.500 francs français) par personne et par mois, et Renault une indemnité de 10.000 francs belges (environ 1.600 francs français) par mois. Parmi les quelque 1.500 salariés de l'usine sans solution pour l'instant (sur 3.100, dont 2.700 ouvriers), les plus proches de la préretraite opteront sans doute pour ces deux années de chômage technique. Le syndicat FGTB, proche des socialistes, avait finalement abandonné mercredi soir sa revendication d'une extension à cinq ans de ce statut particulier. Pierre d'achoppement. L'autre pierre d'achoppement concernait les primes de départ, qui ont, elles aussi, fait l'objet d'un compromis. Leur montant se situerait, suivant le nombre d'années d'ancienneté, entre 25.000 et 200.000 francs français, la moyenne tournant autour de 150.000 francs bruts. Plusieurs voix syndicales et ouvrières se sont toutefois déjà élevées pour prévenir que « près de la moitié du montant de ces primes devront aller en impôt à l'Etat belge ». « Il me restera alors 300.000 francs belges (environ 50.000 francs français), s'est ainsi plaint un ouvrier de l'usine, et ce n'est pas suffisant ». Ces premières critiques révèlent que l'accord des ouvriers en faveur du projet de plan social n'est pas encore acquis. C'est du moins ce que laisse entendre la FGTB, qui n'a toujours pas admis que Renault ne propose de recréer sur le site de Vilvorde « que » 400 emplois. « Ce n'est pas une grande victoire pour nous de n'obtenir que des primes, a lancé jeudi Karel Gacoms, secrétaire fédéral FGTB. On ne parle que d'argent, on ne parle plus des emplois ! » Cet aspect du plan social reste d'ailleurs encore le plus flou. Alors que l'expert Danielle Kaiserbruger parlait dans son rapport remis samedi dernier d'une « réindustrialisation du site », il semble que ce projet ait été revu à la baisse. S'il concerne bien 400 emplois, il ne s'agirait que d'activités de stockage et d'entretien de véhicules d'occasion. « Un ramassage de beaucoup de petites fonctions », tempête Karel Gacoms. Lundi prochain, à 10 heures, direction et syndicats devraient se retrouver au ministère du Travail pour rédiger l'accord définitif qui sera alors soumis au vote des salariés de Vilvorde dans le courant de la semaine prochaine. Même en cas d'approbation, il est très improbable que le travail reprenne, comme les syndicats le rappellent régulièrement. En revanche, ceux-ci devraient alors libérer les 4.000 voitures que les piquets de grève retiennent toujours en otage sur le parking de l'usine. Emmanuel Defouloy, à Bruxelles