NAVAL + L'Etat doit un milliard de francs aux Chantiers de l'Atlantique

Les Chantiers de l'Atlantique (groupe GEC Alsthom) seront affectés par de nouvelles mesures de chômage technique à partir de septembre. Signe du ralentissement de l'activité du dernier grand chantier naval français (4.000 personnes), ces mesures concerneront, après les bureaux d'études, en mai, l'activité de tôlerie (quelque 600 employés). La direction devrait les annoncer dès mercredi à l'occasion d'un comité d'entreprise sur la situation industrielle. Coïncidence fortuite, cette annonce suivra de quelques jours un conseil d'administration entérinant les comptes de l'exercice 1996-1997. Des comptes plutôt inquiétants. Selon une note d'information adressée au personnel, le chiffre d'affaires s'est, en effet, élevé à 3,2 milliards de francs, après 5,5 milliards lors de l'exercice précédent. Cette chute s'explique par la diminution du nombre de livraisons. En outre, le résultat d'exploitation accuse une perte de 73 millions de francs contre un bénéfice de 60,5 millions. Résultat toujours positif. Mais les Chantiers comptent encore sur l'Etat français, qui, selon nos informations, a accumulé jusqu'à aujourd'hui un retard dans le versement des crédits de paiement pour environ un milliard de francs. Autre note plutôt optimiste : le résultat net 1996-1997 reste positif (30,6 millions de francs, contre 25 millions), après reprise toutefois de provisions. L'ampleur du chômage technique résultera cependant de trois commandes en cours de préparation, dont la concré- tisation dépend du ministère des Finances. Il s'agit de deux petits paquebots de croisières (350 cabines) et d'un navire sismique qui font, en effet, l'objet d'un montage financier sous forme de quirats (parts de co- propriété permettant des abat- tements fiscaux). Les deux paquebots sont destinés à l'armateur américain Renaissance Cruise. Quant au navire sismique, il doit rejoindre la flotte de l'opérateur français Louis Dreyfus. La concrétisation de la commande de Renaissance Cruise sera tout particulièrement cruciale pour le chantier de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). A la fin août 1996, l'armateur américain avait acheté deux unités comparables - à livrer en juin 1998 et février 1999 - représentant environ 4 millions d'heures de travail pour les Chantiers de l'Atlantique et leurs sous-traitants. Mais, comme le souligne un fin connaisseur de l'entreprise, « il faut 5 à 6 millions d'heures de travail par an » pour maintenir son activité. Carnet de commandes. La situation des Chantiers de l'Atlantique n'est donc guère brillante au moment même où leur président, Jean-Noël d'Acremont, va passer la barre à son successeur Patrick Boissier. Car le carnet de commandes s'est dangereusement dégarni au fur et à mesure des livraisons. A ce titre, l'avenir de la filiale de GEC Alsthom dépendra largement du projet de commande que l'armateur malaisien Petronas doit passer avant la fin de l'année et qui porte sur quatre à six méthaniers de 130.000 m3. Il dépendra aussi du soutien des pouvoirs publics, qui n'ont pas toujours concrétisé leur bonne volonté. Christophe Palierse
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