Saint-Gobain acquiert les super-abrasifs de Winter

Cinq ans après avoir racheté Norton, le champion mondial des abrasifs, Saint-Gobain procède à une deuxième acquisition de poids dans ce domaine : Winter, société familiale allemande qu'il convoitait depuis 1982. Souhaitant se retirer, les frères fondateurs de cette affaire de Hambourg ont accepté de vendre l'essentiel de leur entreprise spécialisée dans les super-abrasifs au groupe de Jean-Louis Beffa, l'amont de cette activité (diamant synthétique et nitrure de bore) ayant été cédé à Megapode, un joint-venture à 50-50 entre De Beers et Sibeka, une filiale de la Générale de Belgique. Ernst-Michael et Georg Winter ne conserveront que Winter do Brasil et une participation minoritaire dans Winter USA. Avec quatre usines réparties entre l'Allemagne et les Etats-Unis, cette activité bénéficiaire pèse 230 millions de marks (près de 800 millions de francs) de chiffre d'affaires et emploie plus de 1.000 personnes, précise-t-on au siège de Saint-Gobain. Fabriqués à partir de diamant synthétique ou de nitrure de bore, ces produits sont utilisés pour l'usinage ou la finition de matériaux trop durs ou trop fragiles pour les autres meules, dans l'indus-trie, la construction et le travail de la pierre. Saint-Gobain s'approvisionnera auprès de Megapode pour les matières premières de ces super-abrasifs dont ce dernier est le principal producteur mondial avec l'américain General Electric. Un marché en forte croissance La prise de contrôle de Winter, dont le montant n'a pas été dévoilé, hissera Saint-Gobain au premier rang mondial dans le domaine des super-abrasifs, un marché en forte croissance qui pèse selon les estimations 2,5 milliards de dollars à 3 milliards de dollars (12,5 milliards de francs à 15 milliards de francs). Les pressions sur les prix liées à la récession ainsi que la baisse tendancielle des prix des diamants synthétiques (3 % à 4 % par an sur vingt ans) ont entraîné depuis dix ans un véritable décollage de leurs marchés avec un fort effet de substitution et l'apparition de toute une série de nouvelles applications. « En moyenne, l'expansion de ces diamants est trois à quatre fois supérieure à la croissance économique des pays de l'OCDE », indique un industriel du secteur. Les deux dernières années, ce marché a connu une croissance en volume d'environ 20 %. « Et 1996 se présente sous un jour encore très favorable », poursuit ce professionnel. Par conséquent, le marché des outils diamantés enregistre également des taux de croissance à deux chiffres. Forte de cette acquisition, la division abrasifs de Saint-Gobain devrait étoffer son chiffre d'affaires de plus de 10 % à 6,8 milliards de francs. Outre les super-abrasifs, elle est également présente dans les deux autres grandes familles de ces produits, les abrasifs agglomérés utilisés dans l'usinage des métaux, des céramiques, du béton et des plastiques et les abrasifs appliqués, c'est-à-dire fixés sur papier, tissu ou film plastique pour l'usinage et le polissage des matériaux (métaux, bois, verre...). En novembre, le groupe s'était déjà renforcé en Allemagne en rachetant Cerasiv, une société spécialisée dans les abrasifs appliqués de 100 millions de marks de chiffre d'affaires (340 millions de francs). Florence Bauchard
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