Hydro René Leduc ou l'innovation permanente

Nous réalisons 60 % de notre chiffre d'affaires avec des produits qui n'existaient pas en 1990.» Louis-Claude Porel, PDG de Hydro René Leduc, illustre ainsi à la fois la politique d'innovation et la révolution culturelle entreprise depuis cinq ans. Fondée en 1938, la société, qui produit pompes, accumulateurs et composants hydro-mécaniques à Azerailles, petite commune rurale de Meurthe-et-Moselle, a conservé le nom de son fondateur, un ingénieur de Breguet Aviation qui inventa, entre autres, le statoréacteur. Aborder sans complexe les marchés étrangers L'entreprise ajoute à partir de 1965 l'activité hydro-mécanique à celle de sous-traitant de composants aéronautiques, avant d'abandonner ce créneau en 1975. « La crise entre 1991 et 1994 et certaines dévaluations monétaires dans les pays concurrents - Suède notamment - a entraîné une chute du chiffre d'affaires. La capacité du personnel à se remettre en cause a contribué à remonter la pente à partir de 1993 », rappelle Louis-Claude Porel. Hydro René Leduc a gardé le culte de l'innovation, qui lui a valu en 1994 le trophée de l'Institut national de la propriété industrielle. Des ateliers d'Azerailles sortent par exemple la pompe P à pistons axiaux pour les châssis de camions. En micro-hydraulique, les petites pompes (dont la cylindrée peut descendre jusqu'à 20 millimètres cubes) ont séduit Peugeot et l'Institut Mérieux, respectivement pour la réalisation de tendeurs de courroies et de pistolets de vaccination. Ses suspensions hydro-pneumatiques équipent les remorques qui ont véhiculé la fusée Ariane. La stratégie d'innovation permet à la PME d'aborder sans complexe les marchés étrangers. Si l'Allemagne reste son premier client à l'exportation, les Etats-Unis pourraient bientôt souffler la seconde place aux autres pays de l'Union européenne. Hydro René Leduc fournit déjà le laboratoire de Schlumberger, à Houston, en pompes pour la recherche pétrolière. Il vient par ailleurs de signer un contrat avec l'un des leaders de la connectique électrique. Louis-Claude Porel explique ces succès par la « métaphore du cancrelat », le petit insecte qui s'adapte à tous les climats : « Aux Etats-Unis, nous ne produisons que du "sur mesure" que nous développons en coopération avec le client, à charge pour celui-ci de le commercialiser. Nous louvoyons dans l'ombre de nos grands concurrents ». Parker, leader mondial de l'hydraulique, l'allemand Rexroth et Volvo figurent sur cette liste. Les produits spéciaux représentent 30 % de la production d'Hydro René Leduc. Les marchés conclus depuis 1993 ont fait grimper le chiffre d'affaires, alors que le résultat net reste modeste (600.000 francs en 1994, 1,5 million en 1995) en raison d'une politique soutenue d'investissements : 5 à 6 millions chaque année dans les ateliers de production, auxquels s'ajoutent les dépenses de recherche et développement (7 % du chiffre d'affaires). Le capital se partage à 51 %-49 % entre le PDG, via Porel Ingénierie, et la famille Leduc. « Compte tenu de cette répartition », le président écarte pour l'instant l'hypothèse d'une entrée au nouveau marché, qui supposerait une augmentation de capital en accord avec les deux parties. Christian Robischon
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