L'Etat envisage d'interdire l'utilisation de l'amiante

Près de 2.000 personnes mourront vraisemblablement cette année à cause de l'amiante, selon un rapport d'experts sur les effets sur la santé de l'exposition à ce matériau isolant cancérogène. « Le nombre global de décès attribuables à une exposition à l'amiante en France, en 1996, peut être estimé à 750 décès par mésothéliome (ou cancer de la plèvre) et 1.200 décès par cancer du poumon, soit au total 1.950 décès », selon ce rapport d'expertise collective réalisé à la demande du ministère du Travail et publié hier. Ces travaux qui auront duré un an constituent « une analyse critique de toute la littérature scientifique existant sur le sujet », explique l'Inserm. Le Premier ministre a décidé de réunir dès hier les principaux ministres concernés pour faire le point sur les conclusions de ce rapport révélées hier matin par le quotidien Libération. Des mesures devraient être annoncées dès aujourd'hui. Il pourrait s'agir d'interdire purement et simplement l'utilisation de l'amiante, laissait entendre, hier soir, le ministre du Travail, Jacques Barrot. Cela répondrait à l'appel formulé dans la journée par l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva). Une telle décision risque de rencontrer un écho moins favorable auprès des industriels, qui se refusaient hier à commenter un rapport dont ils n'avaient pas reçu copie. Premières victimes à l'origine, les salariés de l'amiante sont maintenant relativement bien protégés et surveillés. En revanche, les « expositions intermittentes » à l'amiante concernent toute une série de métiers qui interviennent sur des matériaux contenant de l'amiante : les tôliers-chaudronniers, les ouvriers des chantiers navals, les plombiers, les charpentiers, mais aussi les soudeurs, les ajusteurs, les techniciens de laboratoire, les bijoutiers ou les cheminots. Ces professions n'étant « habituellement pas considérées comme à risques, elles font moins l'objet d'une surveillance et de mesures de protection adéquates », avec comme corollaire « les risques les plus élevés de mésothéliome », selon les experts. Ces derniers n'excluent pas tout risque de cancer pour les personnes exposées dans leur environnement naturel, domestique ou paraprofessionnel. Ils soulignent les dangers de certains chantiers de déflocage menés sans précautions suffisantes. L'incidence du mésothéliome est « en constante augmentation en France comme dans les autres pays industrialisés, cette augmentation étant de 25 % tous les trois ans », rappellent-ils. « Toutes les fibres d'amiante sont cancérogènes, quelle que soit leur provenance géologique. » « Le risque de cancer du poumon est plus élevé pour les fibres longues et fines, qu'il s'agisse de fibres d'amphiboles » - interdites depuis 1994 - ou de fibres d'appellation commerciale « chrysotile », et « le risque de mésothéliome est plus élevé pour les amphiboles » que pour le chrysotile. Ils estiment, enfin, qu'une politique concertée d'études et de recherches sur les risques pour la santé liés à l'environnement en général et celui du travail en particulier est « une priorité absolue ». F. B. avec AFP
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