La construction ferroviaire a fortement reculé en 1995

L'activité de l'industrie ferroviaire française s'est littéralement effondré l'an dernier. Selon le rapport annuel de la Fédération des industries ferroviaires (FIF), les facturations de la profession (locomotives, wagons, signalisation...) ont régressé de plus de 24 %, à environ 11,9 milliards. Elles se situent au niveau des trois mauvaises années que furent 1988, 1989 et 1990. De fait, cette forte contraction de l'activité tient à la fois à la faiblesse du marché intérieur (baisse de 12,3 % des facturations, à 8,5 milliards) qu'à celle des exportations (baisse de près de 43 %, à 3,4 milliards). « La situation est préoccupante. Nous nous attendions à un retrait de l'activité, mais pas d'une telle amplitude », reconnaît le délégué général de la FIF, Jean-Pierre Audoux. La situation paraît d'autant plus inquiétante pour les industriels français qu'ils commencent à sentir l'impact de la réduction des investissements de la SNCF (baisse de 9,3 % des facturations), leur principal client. L'an dernier, la société nationale représentait encore 52,3 % du total des facturations. Elle n'en a pas moins réduit ses dépenses dans quasiment tous les postes, à l'exception du matériel marchandises, pour lequel les investissements restent toutefois modestes (57,3 millions, après 0,3 million en 1994), et des roues et essieux (188,2 millions, après 151,5 millions en 1994). « Il y a un télescopage entre les difficultés de la SNCF et la politique de réduction des dépenses publiques », estime Jean-Pierre Audoux. Ce dernier craint ainsi un marasme à l'horizon 1999, après un petit rebond au cours des deux prochaines années. « Il faut sortir de ce cycle industriel de "stop and go", qui brouille la visibilité des industriels », souligne-t-il. En clair, il faudrait lisser les commandes. L'ancien ministre des Transports, Bernard Bosson, s'y était implicitement engagé en mai 1994, quand il avait annoncé à la FIF la mise en place d'une « cellule de prospective » pour éviter les décisions « trop administratives » de la SNCF. De fait, ce projet est resté dans les limbes. Or le coup de frein constaté du côté de la SNCF n'a pas été compensé par une hausse des autres clients sur le marché intérieur. La FIF constate ainsi une « importante régression » en ce qui concerne les transports urbains. Résultat, le total des facturations sur le marché intérieur baisse notamment de 26 % pour le matériel de signalisation (404,4 millions), de 19 % pour le matériel de traction (1,9 milliard), de 4,2 % pour le matériel voyageurs (2,7 milliards). Dernier phénomène inquiétant, la chute des exportations. Elles ne représentent plus que 28,9 % des facturations globales, contre 38,5 % en 1994 et 30,7 % en 1993. Cette chute tient essentiellement à l'effondrement des facturations pour le matériel roulant (- 59,9 %). Or, si la contraction des dépenses de la SNCF se poursuit, il faudra vendre beaucoup de TGV et de métros à l'étranger pour préserver l'emploi, qui évolue également à la baisse. L'an dernier, la FIF représentait 17.382 salariés, après 18.251 en 1994, 18.854 en 1993 et 20.042 en 1992. Christophe Palierse
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.