Thomson-CSF entre au capital de l'italien Elettronica

L'électronicien de défense Thomson-CSF doit prendre 25 % de la firme italienne Elettronica SpA, sans doute à la faveur d'une augmentation de capital. Cette participation pourra être portée à 32 % dans un an puis à 49 % dans un délai de trois ans. « Il n'est pas actuellement prévu d'aller au-delà », précise-t-on chez Thomson, qui ne révèle pas le montant de l'opération. Sortir des frontières Cette entrée chez Elettronica répond à une triple stratégie. D'abord, elle illustre la poursuite de l'internationalisation de Thomson-CSF, qui répète à l'envi que le seul marché français de l'électronique de défense ne représente que 5 % du marché mondial. Sortir des frontières est donc pour la société une priorité pour viser au moins l'échelle européenne (20 % du marché mondial). En cinq ans, Thomson a acquis par croissance externe 15 milliards de francs d'activité, compensant la baisse de ses ventes domestiques, touchées par la réduction du budget français de la Défense. Avec cette opération italienne, le groupe français rééquilibre un peu vers l'Europe du Sud son développement hors de l'Hexagone. Car celui-ci s'était jusqu'à maintenant surtout orienté vers le Royaume-Uni (rachat de diverses parties de Ferranti, de Thorn-EMI, de Rediffusion, de Redifon, alliance avec Shorts) et vers les Pays-Bas (reprise de l'électronique militaire de Philips, dont la société Signaal). Avec un point faible septentrional : l'Allemagne, où Thomson-CSF n'a encore conclu que deux joint-ventures avec Daimler-Benz Aerospace, dans les munitions intelligentes (TDA) et dans la propulsion pour missiles (BayerChemie). En Europe du Sud, le Français avait conclu quelques opérations en Espagne en prenant 24,9 % de l'électronicien Indra et 49 % du spécialiste d'activités sous-marines Saes. En entrant chez Elettronica, Thomson renforce sa présence italienne (voir encadré). La firme qui accueille CSF emploie 850 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 450 millions de francs, notamment dans les activités de guerre électronique, de radars et de contre-mesures. Détenue majoritairement par le grand holding public italien Finmeccanica, Elettronica SpA intervient sur des programmes européens comme l'avion de combat Eurofighter, la frégate Horizon et le projet d'hélicoptère militaire de transport NH 90. Enfin, cette opération dope Thomson dans le domaine de la guerre électronique. Sur ce marché mondial de 25 milliards de francs par an, où les Etats-Unis représentent 80 % (avec des géants industriels comme Raytheon E Systems, Loral-IBM-Unisys ou Lockheed-Martin), le français pèse 1,5 milliard de francs à 2 milliards de francs, ce qui fait tout de même de lui le numéro un européen devant des concurrents comme GEC Marconi, Dassault Electronique ou l'allemand Rhode und Schwarze, son rival dans les « Comint », la guerre électronique dans les communications. O. P.
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