Acier + Usinor mise sur l'espagnol CSI pour se renforcer en Europe du Sud

Usinor a remis vendredi au gouvernement espagnol son dossier de candidature pour prendre une participation de 35 % dans le capital du sidérurgiste en voie de privatisation Corporación Siderúrgica Integral (CSI). Le géant européen a indiqué être prêt à payer 84 milliards de pesetas (3,35 milliards de francs) - l'équivalent des fonds propres de CSI - auxquels « s'ajoutera une souscription d'obligations d'un montant de 25 milliards de pesetas (1 milliard de francs), dont les conditions de remboursement sont fonction de l'exécution du plan industriel ». C'est bien sur le volet social et industriel qu'Usinor compte pour se distinguer de ses rivaux sur ce dossier. Les groupes luxembourgeois Arbed et italien Riva ont confirmé, à la veille du week-end, leur intérêt pour CSI. Il n'est d'ailleurs pas exclu qu'Arbed s'associe à un des prétendants dans un dossier qui « présente des complémentarités tant géographique que produits » à ses yeux. Projet d'envergure. En dépit de l'intérêt de l'américain US Steel pour ce dossier, il est plus vraisemblable que le gouvernement espagnol retienne prochainement une solution intracommunautaire, estime un observateur. Pour Usinor, il s'agit du premier projet d'envergure sérieux au-delà ses frontières depuis sa privatisation, alors que l'international fait partie de ses priorités. En effet le groupe a rencontré quelques déboires dans ses efforts récents pour s'implanter en Chine et en Inde dans les inox, le principal secteur de développement du groupe dans les pays émergents, où il est important d'être présent. Le groupe reste intéressé par une implantation dans ces deux zones, ainsi qu'en Europe de l'Est (Pologne, République tchèque...) et en Amérique latine, notamment pour suivre des constructeurs automobiles. Alliance nécessaire. L'internationalisation d'Usinor, comme celles d'autres sidérurgistes, vise à accompagner la globalisation de grands clients tels que l'automobile, l'électroménager ou l'emballage. Les vingt premiers sidérurgistes mondiaux ne revendiquent encore que 50 % de la production mondiale, soit une concentration moindre que celle de ces clients. Ces grands secteurs industriels cherchent à nouer des partenariats pour mettre au point des produits de plus en plus techniques. « Avec un portefeuille d'assez bonne qualité dans l'automobile et l'emballage, CSI n'a pas la taille pour y occuper une position mondiale, d'où la nécessité pour ce producteur de s'allier à un géant tel qu'Usinor », déclarait récemment un dirigeant du groupe français. Le rachat de l'espagnol permettra une meilleure utilisation des capacités de CSI, et de maintenir saturée la base industrielle française (hors inox), remarquait début juin le président Francis Mer. Ce serait notamment le cas du site de Sollac à Fos-sur-Mer, pour lequel Sidmed, la filiale de laminage à froid de CSI dont Usinor détient 32,5 %, travaille déjà. Le groupe a l'ambition de développer l'activité de CSI ainsi que la rentabilité des deux entreprises. Les visées d'Usinor dans le sud de l'Europe inquiètent toutefois les syndicalistes de CSI. Affectés par le syndrome Vilvorde, ceux-ci redoutent un éloignement du centre de décision d'Espagne. Florence Bauchard
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