La CLT se marie avec Bertelsmann à Luxembourg

Le 3 juin 1996 demeurera sans doute une date historique dans les annales du grand-duché : mercredi, le conseil d'administration de la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion (CLT) se réunira en effet une dernière fois « en famille » pour avaliser le mariage du groupe multimedia franco-belgo-luxembourgeois avec le géant allemand de la communication Bertelsmann. Au terme d'un rapprochement annoncé le 2 avril et jugé « irréversible » par le banquier belge Albert Frère, la CLT sera désormais détenue « à parité » (50/50) par son holding de contrôle Audiofina et Bertelsmann. Pour finaliser cette opération, le groupe allemand de Mark Woëssner a accepté de fondre sa filiale audiovisuelle Ufa (5 milliards de francs d'actifs) dans la CLT et de verser aux actionnaires de cette dernière une soulte de 1,5 milliard de deutsche marks (5,1 milliards de francs). Premier groupe audiovisuel européen, la nouvelle CLT/Ufa pèsera plus de 20 milliards de francs de chiffre d'affaires à travers ses quatorze chaînes de télévision et seize radios diffusant dans neuf pays européens. Vivement contestée par Havas, cette « germanisation » de la CLT fera sans doute l'objet d'un vote négatif de la part des représentants de l'actionnaire minoritaire français (10 % des parts après fusion). Rien d'inquiétant pour Albert Frère, plus que majoritaire au conseil depuis qu'il a racheté les parts de Paribas et l'UAP dans Audiofina. Autre grand déçu de l'opération, Michel Delloye - paradoxalement l'architecte du rapprochement avec Bertelsmann -, qui a démissionné de son poste d'administrateur délégué de la CLT faute de vouloir partager le pouvoir avec un Allemand. Il devrait être remplacé mercredi par un tandem de directeurs généraux constitué par le Français Rémy Sautter, jusque-là vice-président de RTL, et l'Allemand Rolf Schmidt-Holtz. Le conseil d'administration de la CLT devrait aussi avaliser la participation de la compagnie au projet numérique TPS qui va concurrencer Canal+ en France... en dépit du fait que son nouvel actionnaire, Bertelsmann, a conclu une alliance avec la chaîne cryptée dans le numérique allemand. « C'est la loi des affaires », explique-t-on à Luxembourg. JCF
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.