Philip Morris accusé d'une mégafraude par le fisc italien

Sérieux coup de tabac en Italie pour Philip Morris : la multinationale américaine, leader mondial de la fabrication de cigarettes, est accusée d'une gigantesque fraude fiscale par la justice italienne. Depuis 1987, Philip Morris aurait ainsi soustrait au fisc près de 10.000 milliards de lires (2,16 milliards de francs) par le biais de la société Intertaba, officiellement compagnie indépendante chargée de la commercia- lisation des marques de la multinationale dans la péninsule, mais en réalité « représentation permanente et occulte de Philip Morris en Italie », affirment des sources judiciaires. La semaine dernière, le juge Raffaele Marino a mis sous séquestre les royalties que la Régie italienne des tabacs (monopole d'Etat) devait verser au groupe américain au titre de la fabrication et de la commercialisation des cigarettes Philip Morris. Et hier, le parquet de Naples a interrogé le président d'Intertaba, Paolo Ferrari. Celui-ci a rejeté les accusations portées contre la compagnie en affirmant notamment que, sur une partie de ses revenus, Philip Morris estimait pouvoir bénéficier légitimement d'exemptions fiscales. L'instruction du dossier pourrait prendre un nouveau tour avec l'interrogatoire de Walter Thoma, président de Philip Morris Europe, basé à Lausanne. L'information judiciaire le concernant ne lui a cependant pas encore été remise. Le géant américain rencontre par ailleurs quelques difficultés sur le marché européen à la suite de sa campagne de publicité très controversée, comparant la nocivité du tabagisme passif à un certain nombre de « risques relatifs » que l'on peut rencontrer dans la vie quotidienne : consommation de biscuits, de lait, de poivre, d'eau traitée au chlore... En France, cette campagne a cessé fin juin par suite d'une décision du tribunal de grande instance de Paris, sur plainte du Comité national contre le tabagisme, mais aussi du Syndicat national de la biscuiterie française. Aujourd'hui, deux chercheurs américains dont les études sur le lait et les biscuits ont été utilisées dans cette publicité s'insurgent : « En citant sélectivement un chiffre de notre étude sur l'alimentation et le risque de cancer, Philip Morris a déformé le sens de notre recherche », déclare ainsi le professeur Curtis Mettlin, spécialiste d'épidémiologie au Roswell Park Cancer Institute (Buffalo, Etat de New York). Pour la seule France, la campagne de publicité avortée aura coûté 10 millions de francs. Il est vrai que c'est peu en regard des confortables profits de Philip Morris : pour l'année 1996, la branche tabacs a représenté la moitié du chiffre d'affaires du groupe (soit 186 milliards de francs) et les deux tiers de son bénéfice net (soit 43 milliards de francs). A. R.
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