Aerospatiale-Dassault : la privatisation après la fusion

Comme le détaillait hier La Tribune, le gouvernement, via un communiqué de Matignon diffusé peu après la clôture de la Bourse, à 17 heures (Dassault Aviation est cotée), a annoncé la fusion Aerospatiale-Dassault. Les modalités techniques de l'opération devront être fixées dans les six mois et donc arrêtées avant le 1er janvier 1997. Sans entrer dans les détails, le texte souligne que les différentes fonctions des deux firmes aéronautiques civiles et militaires, en particulier « une partie significative des bureaux d'études et des services d'achat seront regroupés au sein de centres de compétences communs. Plusieurs axes de rapprochement au niveau industriel et technologique sont d'ores et déjà identifiés. La fusion s'accompagnera des mesures d'intégration qui seront nécessaires pour valoriser au mieux les compétences du nouveau groupe, dans le respect des personnels et des cultures propres à chaque activité. » Le communiqué ne détaille pas davantage la future structure. Le principe à l'allemande d'un conseil de surveillance et d'un directoire ne serait pas encore verrouillé. De même, le texte ne dévoile pas les parités retenues pour la fusion, se contentant d'indiquer que les travaux d'évaluations menés en parallèle par les banques-conseils des deux firmes - Paribas pour Dassault, Lazard pour Aerospatiale - « ont d'ores et déjà été engagés ». Ce qui laisse penser qu'ils n'ont pas encore abouti. En revanche, Matignon souligne que les modalités de cette future fusion « devront être compatibles avec l'ouverture ultérieure du capital qui interviendra dès que possible ». Le mot privatisation, même partielle, n'est certes pas prononcé. Mais à l'évidence, le gouvernement songe au moins à l'entrée de partenaires, sans doute privés, au capital du futur ensemble Aerospatiale- Dassault. Même s'il précise que « l'Etat, actionnaire majoritaire, détiendra le contrôle effectif de ce groupe unique ». Il pouvait difficilement en être autrement, au moins dans un premier temps, dans la mesure où Aerospatiale fabrique les missiles nucléaires de la force de frappe et Dassault tous les avions de combat français. Mais il est clair que le gouvernement souhaite la constitution d'un pôle aéronautique et spatial européen. Il souligne d'ailleurs dans son communiqué qu'Aerospatiale-Dassault « doit jouer un rôle moteur au niveau européen et rivaliser avec ses concurrents américains ». Dès lors, et dans la droite ligne de récents propos du PDG d'Aerospatiale, Louis Gallois, on peut imaginer que le nouveau géant français de l'aéronautique puisse accueillir dans son capital (et réciproquement) ses alliés allemands (Dasa, Daimler-Benz Aerospace), et anglais (British Aerospace). Mais l'auteur de cette prédiction pour- rait ne pas être du voyage. Si Serge Dassault devait en être, le sort de Louis Gallois, même s'il par- ticipera à coup sûr à la création du nouvel ensemble, paraît en suspens. Olivier Provost
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