Le conflit social compromet l'avenir d'Air Inter Europe

Le 30 juin est passé sans qu'aucune signature ait validé le protocole d'accord entre les pilotes d'Air Inter Europe et la direction de la compagnie. Le porte-parole du SNPL, seul syndicat qui aurait pu être tenté de chercher in extremis une entente avec la direction, déclarait dimanche après-midi qu'il ne « pouvait en être actuellement question ». Jean-Pierre Courcol, directeur général de l'ex-Air Inter, et Christian Blanc, président du groupe Air France, n'auront pu régler en temps voulu l'harmonisation des conditions de travail et de rémunération entre les pilotes d'Air Inter Europe et ceux du CDR-Europe d'Air France (les moyen-courriers de la compagnie). Christian Blanc avait fixé le 30 juin comme date limite pour trouver un accord, préalable nécessaire à la constitution, en mars 1997, d'une compagnie européenne par rapprochement des deux entités. Dans ce contexte, Jean-Pierre Courcol reconnaissait, à la veille du week-end, que la fusion pure et simple de la compagnie intérieure dans Air France paraissait maintenant la solution la plus plausible. L'état-major du groupe Air France a tenu ce week-end une réunion de crise, mais ne dévoilera sans doute ses décisions que jeudi, lors du prochain comité d'entreprise. D'ici là, le ministre des Transports, Bernard Pons, devrait recevoir l'intersyndicale de la compagnie, à la demande du SNPIT (syndicat de personnels au sol, gréviste). Quelle que soit, toutefois, l'issue de ces consultations, il semble bien que le projet de constituer une compagnie européenne ait vécu, emporté par l'agitation sociale. Après six semaines d'attentisme, direction et syndicats ont été brusquement entraînés dans une escalade. Mercredi, la direction annonçait la fermeture de dix-huit lignes, dont Toulon, Nantes et Perpignan, dans le cadre de son plan de redressement. Jeudi, l'intersyndicale lançait un mot d'ordre de grève pour le lendemain, sans préavis, ce qui est inhabituel. Le SNPL, le SNPNC (hôtesses), la CGC, la CFDT et FO critiquaient cette initiative, mais sans se désolidariser clairement du mouvement. En fin de journée, la direction répliquait en annulant la totalité des vols de vendredi (environ 580). Une décision prise, selon la direction, pour des raisons de sécurité (sans préavis, il est impossible d'organiser un service minimal, prévenir la clientèle, prévoir des affrètements, affirme-t-elle...). Une provocation, répondent les syndicats grévistes (en particulier le Spit et l'USPNT), qui estiment que l'on aurait pu assurer la moitié du trafic et transporter au moins 30.000 personnes sur les 65.000 passagers attendus ce jour-là. Une perte nette de 15 à 20 millions Vendredi matin, le ton a encore monté d'un cran. Plusieurs centaines de salariés ont envahi la salle où se tenait le comité d'entreprise et retenu Jean-Pierre Courcol jusqu'à 16 heures. Samedi, le trafic est redevenu normal. Tout est maintenant suspendu jusqu'à jeudi. Mais la compagnie a perdu au moins 30 millions de recettes, ce qui représente une perte nette de 15 millions à 20 millions, sans parler du préjudice commercial. E. Rt.
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