Défense + Matignon n'exclut pas une privatisation de Thomson-CSF

On pensait le gouvernement socialiste hostile à la privatisation de Thomson-CSF, lancée en 1996 mais non finalisée par le tandem Chirac-Juppé. Or, si politiquement la poursuite du processus sera délicate à expliquer pour Lionel Jospin - après les hésitations sur les allocations familiales ou sur la fermeture de Renault Vilvorde -, cette privatisation n'est en fait pas exclue par Matignon, où l'on souligne que « même les salariés de l'entreprise n'y sont pas complètement hostiles ». Elle permettrait de regonfler les finances du holding étatique Thomson SA qui pourrait ainsi, sans apport des pouvoirs publics, recapitaliser (avant de la vendre) son autre filiale, Thomson Multimédia. Géants américains. Surtout, mener en quelques mois la privatisation de l'électronicien de défense Thomson-CSF, à condition d'éviter la maladresse du gouvernement Juppé - qui paraissait trop favorable au candidat Matra-Lagardère face au tandem Alcatel-Dassault -, permettrait d'accélérer la restructuration de l'industrie française d'armement et d'aéronautique. Aussitôt après, il faudra passer à une rationalisation européenne, indispensable pour contrer les géants américains du secteur. Tel est le plan de marche du gouvernement. Il sait qu'une opération de restructuration purement industrielle risquerait d'être plus longue. De quoi agacer Allemands et Britanniques, qui menacent de s'allier face aux lenteurs françaises et dont les grands industriels du secteur, Daimler-Benz Aerospace (Dasa), GEC ou British Aerospace, sont privés. Le président de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale, Paul Quilès, est resté hier très ambigu sur le sujet. Il recevait le patron de Thomson-CSF, Marcel Roulet (nommé par Alain Juppé pour mener la privatisation), et Yves Michot, PDG d'Aerospatiale. Tous deux ont insisté sur la nécessité de privatiser Thomson-CSF. Le cas d'Aerospatiale. Paul Quilès leur a indiqué qu'il fallait aborder ces dossiers « en évitant toute gesticulation idéologique », même s'« il ne faut pas présenter la privatisation de Thomson-CSF comme un préalable. Le gouvernement n'est pas obligé de prendre une décision dans l'absolu, mais seulement par rapport à la procédure ». Et il a critiqué ceux qui, particulièrement depuis le Salon aéronautique du Bourget, exercent des pressions pour « passer la privatisation avant toute restructuration ». On est donc loin d'un refus absolu de privatiser Thomson-CSF. D'ailleurs, le ministre de la Défense, Alain Richard, refuse pour l'instant de dire si une telle opération pourrait avoir lieu ou pas. Matignon est, en revanche, hostile à un mariage Thomson-Aerospatiale (prôné un temps par Paul Quilès), estimant que le premier doit constituer le pôle électronique français et le second celui de l'aéronautique. En outre, une privatisation d'Aerospatiale paraît pour l'heure exclue alors que Dassault l'exige pour accepter sa fusion avec Aerospatiale. Olivier Provost
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