Les Kronenbourg sont sous pression à Strasbourg

LE PLAN SOCIAL de Kronenbourg connaît quelques ratés. Annoncé à la fin de l'année 1995, il prévoyait la suppression de 305 emplois (sur 2.300 postes) sur les quatre sites de production du brasseur, Strasbourg, Obernai, Champignole et Rennes. A Strasbourg, depuis jeudi soir, la production de la brasserie est ralentie suite à un mouvement de grève reconductible, décidé directement par les salariés de la production (les syndicats CGT et CFDT de l'entreprise avaient proposé un simple débrayage). Motif : l'application des dispositions de restructuration comprenant la réduction des effectifs, la récupération en temps à la place de leur paiement et la modulation annuelle du temps de travail. Ainsi, l'usine de Strasbourg devrait-elle passer de 220 salariés actuellement à 115 d'ici à 1998. Les syndicats contestent en particulier les conséquences de l'annualisation du temps de travail, qui aboutit, selon eux, à la quasi-obligation de travailler le samedi, lequel travail n'est plus payé en heures supplémentaires. Dans un communiqué, la direction a admis que « certaines des modalités du plan ont inévitablement des effets sur les compléments de rémunération d'une partie du personnel en période de haute activité. Ces effets, souligne encore la direction strasbourgeoise, sont la contrepartie directe de la sauvegarde des emplois ». La consommation baisse, les brasseurs se regroupent Le contexte n'est actuellement pas très favorable pour Kronenbourg. La baisse de la consommation de bière et la concurrence exacerbée pèsent depuis déjà quelques années sur des groupes industriels comme Danone qui possède les deux marques phares Kronenbourg et Kanterbrau. C'est d'ailleurs en raison des difficultés de ce marché que Danone avait regroupé à la fin 1994 ses deux marques, pour mieux se positionner face à son rival Heineken. Les restructurations et les concentrations marquent, depuis lors, le secteur : au début de cette année, Heineken s'est ainsi offert la brasserie indépendante Fisher. De persistantes rumeurs prêtent à Danone l'intention de se désengager de son activité de brasserie, ce que Franck Riboud, son prési- dent, dément dans une interview au Journal des Finances (en date du 6 juillet) : « Je démens formellement tout projet de cession de Kronenbourg », déclare-t-il, en expliquant qu'il ne serait pas opportun pour le groupe d'abandonner le secteur « alors même que le marché chinois croît chaque année d'un montant équivalent à la totalité du marché français, que nous venons d'y racheter Haomen, et que nous avons la volonté d'utiliser toutes les compétences et le savoir-faire développés chez Kronenbourg, Mahou et San Miguel ». En France, note encore le PDG de Danone, « la bière a accusé un léger retard au cours des premiers mois de cette année qui a été rattrapé grâce à la météo favorable du mois de juin ». Danone a d'ailleurs marqué récemment sa volonté de développement de Kronenbourg en rachetant les établissements Blanchet, entreposiste-grossiste parisien qui devrait accroître la place de la marque dans les bars de la capitale. A. R.
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