Une opération de plus de 100 milliards qui nécessite l'aval de LVMH

Il n'y a pas de fumée sans feu », commente un spécialiste du secteur agroalimentaire. Même si Guinness a démenti vouloir partir à l'assaut de GrandMet, il ne fait aucun doute qu'un document existe et que l'heure est aujourd'hui, dans de nombreux secteurs, à la concentration. Mondialisation oblige. L'opération - si toutefois elle devait se réaliser - permettrait à Guinness de se renforcer de façon importante dans le domaine des boissons alcoolisées. Elle introduirait d'autres marques de notoriété mondiale dans son catalogue, comme le whisky J & B, la crème de whisky Baileys, la liqueur Malibu, la tequila José Curvo et surtout la vodka Smirnoff, le groupe de Tony Greener n'ayant pas dans sa cave la boisson fétiche des Russes. Guinness-LVMH : des liens anciens Mais la création de ce géant implique de disposer de plus de 100 milliards de francs à mettre sur la table. Seul, Guinness n'a certainement pas les moyens financiers nécessaires pour se lancer dans l'opération. Il lui faudra de toute façon l'aval de son tour de table et notamment de LVMH (qui contrôle Desfossés International, éditeur de La Tribune), premier actionnaire du groupe britannique puisqu'il en détient encore 20 %. Parallèlement, Guinness est présent à hauteur de 34 % dans Moët Hennessy, filiale qui regroupe l'ensemble des activités champagne, vins et spiritueux du groupe français. Les liens entre les deux groupes sont anciens. Ils remontent à 1988, lorsque Bernard Arnault veut s'emparer du pouvoir chez Louis Vuitton-Moët Hennessy. Il fait alors appel à Guinness. Jacques Rober, un holding, non coté en Bourse - dont le Français détient la majorité - est alors créé. Il deviendra l'actionnaire de référence de LVMH jusqu'à en détenir 44,6 % début 1994. Quant au groupe de luxe, il possède, à cette même date, 24 % de Guinness. Le 20 janvier 1994, les deux groupes annoncent un tournant dans leurs relations. Guinness se retire de Jacques Rober, laissant Bernard Arnault devenir le seul maître à bord du numéro un mondial du luxe. Guinness vend sa participation de 45 % dans le holding à Christian Dior et à SEBP (holding patrimonial de Bernard Arnault) et cède ses 16,8 % de Christian Dior au Bon Marché, autre société du groupe Bernard Arnault. Le Britannique encaisse quelque 11,85 milliards de francs mais en réinvestit environ 8 milliards pour acquérir 34 % de Moët Hennessy. L'accord de 1994 prévoit aussi que LVMH ramène progressivement, en vendant sur le marché, ses intérêts dans Guinness de 24 à 20 %, et n'aille pas au-delà de ce seuil. C'est chose faite depuis novembre 1994. LVMH a cédé en Bourse 4 % du groupe britannique pour environ 2,8 milliards de francs, réduisant d'autant son endettement. De son côté, le groupe britannique s'interdit de devenir actionnaire direct de LVMH. La rentabilité de Guinness est réduite Globalement, si les résultats des activités champagne, vins et spiritueux de Moët Hennessy sont restés satisfaisants, à l'inverse, la contribution de Guinness au résultat de LVMH a reculé de près d'un quart l'an dernier pour s'afficher à 719 millions de francs. Une situation qui a fait réagir Bernard Arnault en mars, celui-ci demandant à Guinness de prendre « certaines initiatives » afin de restaurer sa rentabilité. Une rentabilité qui pourrait être éventuellement retrouvée si Guinness séparait ses activités avec d'un côté la brasserie et de l'autre les spiritueux. Une éventualité qui est à l'étude. Dans tous les cas de figure, une question reste posée : que deviendront les liens tissés entre LVMH et Guinness ? Colette Menguy
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