Les constructeurs européens progressent aux Etats-Unis

Si les Français brillent par leur absence au salon de l'automobile de Detroit, qui a ouvert ses portes samedi, les stands prolixes en nouveautés des marques allemandes, suédoises et britanniques témoignent de leur regain de vitalité outre-Atlantique. Vedettes incontestées : Mercedes-Benz et BMW. Le constructeur à l'étoile présente son prototype de 4X4, provisoirement appelé AAV, qui sera produit en Alabama à partir de 1997. Avec son design très novateur, son intérieur chic et jeune à la fois, ce luxueux véhicule attire les regards. Grâce à son futur tout terrain, la firme, qui vient de lancer sa nouvelle classe E, compte accroître ses ventes américaines de 60 % en trois ans, à 125.000 unités. En face, le stand BMW exhibe le nouveau Roadster Z3, assemblé dans l'usine flambant neuve de Spartanburg, en Caroline du Sud. Les ventes de la marque bavaroise ont fait un bond de 75 % depuis 1991 ! Et ce, malgré des tarifs coquets : 37.900 dollars (190.000 francs) pour la récente 528 i, contre 29.200 dollars pour Oldsmobile 98, par exemple. Après une dramatique descente aux enfers à la fin des années 80 sous l'effet de la crise financière qui a ruiné maints « golden boys », de la baisse du dollar et de l'offensive des voitures de luxe nippones moins chères et plus fiables, les immatriculations d'Audi (+ 44 % en un an), de Saab, de Jaguar, bondissent également. Le spécialiste du 4X4, Land Rover, s'offre même une progression de 66 %, malgré un Range Rover de 100.000 francs plus cher que ses concurrents locaux. Peu de place pour les constructeurs français « Les Américains fortunés redécouvrent les belles et élégantes voitures européennes, techniquement raffinées, élitistes à souhait et moins banales que de vulgaires Buick, Cadillac ou même Lexus (Toyota). Ils franchissent le pas parce que la qualité des européennes a sérieusement progressé et que les tarifs, bien qu'élevés, sont moins prohibitifs qu'avant », explique un expert. Les constructeurs du Vieux Continent, comme Mercedes-Benz ou Volvo, ont su aussi miser sur l'obsession des Américains pour la sécurité. Pendant ce temps, si Renault a déclaré forfait, PSA Peugeot Citroën discute de son retour outre-Atlantique avec d'éventuels partenaires. Une gageure. Le constructeur français estime qu'il lui faut vendre au moins 50 à 60.000 voitures par an pour être viable aux Etats-Unis. « Avec le niveau actuel du dollar, il est exclu de vendre des voitures outre-Atlantique sans s'y implanter industriellement », précise Jean-Yves Helmer, directeur de la division automobile de PSA. Pour produire quels véhicules ? Des voitures-niches, répond-on. Mais le marché américain en est saturé. Même le créneau naissant des voitures électriques n'est pas propice à PSA. « Les spécifications sont très dif- férentes en Europe et aux Etats-Unis », indique Jean-Yves Helmer. Alors ? L'hypothèse d'un véhicule développé en commun avec un autre constructeur et vendu par les deux marques est envisagée. « Difficile à faire, lâche Jean-Yves Helmer. On n'a pas fixé d'échéance pour prendre une décision ». Le retour du constructeur français aux Etats-Unis ne semble pas pour demain. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À DETROIT, ALAIN-GABRIEL VERDEVOYE
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