Roche va acquérir la participation de 50 % que détenait Procter & Gamble dans leur joint-venture américain dans l'automédication. Cette société, dont Roche avait hérité en rachetant l'américain Syntex, avait été créée en 1988 par les deux groupes américains afin d'assurer la commercialisation outre-Atlantique de l'analgésique Aleve et de Femstat 3, un produit contre les mycoses vaginales. Dans ce cadre, Procter & Gamble était chargé des ventes et du marketing d'Aleve, la version automédication du Naprosyn développé par Syntex. Roche se retrouve donc aujourd'hui seul détenteur des deux marques pour un montant non révélé. Procter & Gamble s'est borné à indiquer qu'il allait réaliser une plus-value nette de 120 millions de dollars (600 millions de francs). Il s'est engagé à poursuivre le marketing des deux produits pendant une période transitoire d'un an. Cette opération a été réalisée à l'initiative de Procter & Gamble, qui disposait de la possibilité de réévaluer l'accord de joint-venture ainsi que de racheter ou de vendre sa participation. Or, malgré le succès remporté outre-Atlantique par Aleve, qui est, par son chiffre d'affaires, le quatrième analgésique vendu sans ordonnance, Procter & Gamble a décidé de se retirer. En effet le joint-venture avec Roche se limite aux Etats-Unis. Or Procter & Gamble veut bâtir sa position sur le marché de l'automédication en s'appuyant sur la mondialisation de quelques grandes marques. Viser les marques qui offrent une position de leader « Nous entendons développer nos activités dans le domaine de la santé en mettant à profit les meilleures occasions qui s'offrent à nous en termes de mondialisation, explique John Pepper, président de Procter & Gamble, C'est pourquoi nous concentrons nos efforts sur les marques qui nous confèrent une position de leader, telles que Crest et Vicks, et nous investissons dans de nouveaux produits d'automédication et éthiques ». La plus-value réalisée grâce à la cession y contribuera. Pour Roche, dont le renforcement dans l'automédication outre-Atlantique est un des objectifs affichés, la reprise d'Aleve est une opération tout à fait mineure, mais elle témoigne de la permanence des ambitions de Roche et peut être interprétée comme le préambule à une opération de plus grande envergure. Le groupe suisse, qui occupe en Europe la quatrième place dans l'automédication, ne dispose pas en effet de produits susceptibles d'être développés avec succès sur le marché américain, ni de produits éthiques capables de donner à lieu à des versions automédication. Bien qu'il ait échoué dans la reprise des activités de Sterling, beaucoup d'observateurs donnent le groupe suisse partant pour une acquisition. Des rumeurs ont plusieurs fois évoqué Warner Lambert comme cible potentielle en cas d'OPA. OPA qui serait alors hostile, le groupe américain ayant rappelé à plusieurs reprises sa volonté de rester indépendant. Catherine Ducruet

latribune.fr

26 Sept 2008, 0:59

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