« Vache folle » + Bruxelles accuse Londres d'avoir violé l'embargo

L'affaire de la « vache folle » va-t-elle à nouveau faire trembler les consommateurs européens ? L'information révélée par le Canard enchaîné, selon laquelle la Grande-Bretagne aurait exporté illégalement de la viande de boeuf, a été confirmée hier par la Commission européenne. Emma Bonino, le commissaire européen chargé de l protection des consommateurs, a transmis aux autorités britanniques les conclusions d'une mission d'inspection affirmant que la Grande-Bretagne avait exporté du boeuf illégalement vers plusieurs Etats membres de l'UE, ainsi que vers d'autres pays tiers. Elle a « incité » les Etats membres à renforcer leurs contrôles à l'importation de viande bovine et fait savoir que la Commission « examine si l'inefficacité manifeste des contrôles doit faire l'objet d'une procédure d'infraction ». A Bruxelles, on précisait hier que le Portugal, la France et les Pays-Bas étaient les pays destinataires, via la Belgique, de ces exportations qui porteraient sur plus de 1.000 tonnes. Télégramme d'Interpol. Retour en arrière : en mars 1996, l'Europe prononce un embargo total sur l'exportation de viande britannique afin de protéger les consommateurs d'une éventuelle transmission de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), dont les chercheurs pensent qu'elle est transmise à l'homme par les vaches porteuses d'une maladie voisine de la tremblante du mouton. En Grande-Bretagne, où 160.000 vaches ont été abattues jusqu'à présent, les consommateurs continuent de manger de la viande de boeuf jugée saine, après application des contrôles. Depuis l'annonce par l'hebdomadaire satirique français de la découverte d'un télégramme d'Interpol faisant état de « bovins morts contaminés transportés par de petits navires de charge en Irlande à destination de la Belgique et de l'Italie du sud », les révélations se succèdent. En France, la Direction de la concurrence a fait savoir que plus de 22.000 contrôles ont été effectués depuis mars 1996, donnant lieu à 221 procédures contentieuses et 17 concernent de la viande britannique. Enquêtes judiciaires. Une opération judiciaire a ainsi été ouverte sur le cas d'un opérateur dont la cargaison de viande (60 tonnes) a été bloquée, mais il n'est pas évident que cette affaire soit liée à celle évoquée par Bruxelles. De son côté, le ministère portugais de l'Agriculture a demandé l'ouverture d'une enquête. En Belgique, trois enquêtes judiciaires sont en cours, a fait savoir hier le ministère belge de la Santé. Le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc) a écrit à la Commission européenne pour lui demander d'avoir des éclaircissements « immédiatement ». La révélation de cette affaire intervient alors que le gouvernement britannique tente d'obtenir devant la Cour de justice à Luxembourg la levée de l'embargo ou un assouplissement, de manière à permettre aux agriculteurs propriétaires de troupeaux situés notamment en Ecosse et en Irlande du Nord qui n'ont pas été contaminés d'exporter à nouveau. J. Ch.
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