Stena investit massivement sur Calais-Douvres

La filiale britannique du groupe maritime suédois Stena Line a inauguré hier sur Calais-Douvres un ferry de nouvelle génération, un catamaran à grande vitesse pouvant emporter 150 voitures et 600 passagers à 45 noeuds (80 km/h). Ce bateau, le Stena Lynx III, représente un investissement d'environ 500 millions de francs. Il souligne l'effort commercial engagé par Stena sur la Manche et sur la ligne Calais-Douvres en particulier. Stena Line aligne maintenant cinq bateaux sur cette liaison, autant que P & O (Peninsular and Oriental), son principal rival. Dès cet été, la compagnie anglo-suédoise assurera 52 traversées par jour entre Douvres et Calais. Après la rupture, fin 1995, avec la Snat, filiale d'armement naval transmanche de la SNCF, avec laquelle Stena Line exploitait Sealink, la compagnie suédoise s'est trouvée dans l'obligation de relever seule le défi d'une triple concurrence : celle de son ancien partenaire, qui exploite maintenant ses propres bateaux sous la marque Sea France, celle de P & 0, le major du transport maritime transmanche, et, bien entendu, celle d'Eurotunnel. Stena a donc dû rééquiper sa flotte et reconstituer ses bases logistiques en France, en embauchant plus de 400 personnes, en créant ses propres guichets... L'effort financier de la compagnie dépassera ainsi largement un milliard de francs cte année, absorbant la majeure partie des moyens d'un groupe qui réalise environ 8 milliards de francs de chiffre d'affaires. Une tel-le bagarre commerciale est-elle raisonnable, alors que le ferroviaire a déjà enlevé 40 % du marché au maritime sur les liaisons transman-che ? « Certainement, nous en tirons rapidement les bénéfices », répond Bo Lerenius, le président de Stena Line. Depuis sa rupture avec la Snat, Stena aurait déjà remonté en six mois ses parts de marché sur Calais-Douvres de 14 % à 20 %. Le flux du trafic drainé par le ferroviaire n'aurait donc fait qu'entamer superficiellement l'activité de la ligne maritime Calais-Douvres. Dans le port français, la baisse de trafic n'est que de 7 % par rapport à l'année 1994. Stena Line ne court, par conséquent, qu'un risque mesuré en renforçant ses positions sur cette ligne. De plus, la montée en puissance du ferroviaire aurait davantage pénalisé P & 0, qui a réalisé plus de la moitié de son chiffre d'affaires sur Calais-Douvres, alors que Stena réalise environ les deux tiers de son trafic entre la mer Baltique et la mer d'Irlande. Dans ce contex-te, une alliance commerciale entre Stena Lina et P & O, récemment évoquée, n'est pas justifiée. « Il n'en est pas question pour l'instant », affirme le président de Stena. Et Bo Lerenius laisse entendre que Stena ne vient pas de rompre ses liens avec une compagnie française, la Snat, pour replonger dans un mariage, avec un britannique cette fois. E. Rt.
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