Acier + La privatisation de l'espagnol CSI suscite de plus en plus de protestations

Le mécontentement s'amplifie dans les Asturies au fur et à mesure qu'approche la date de la privatisation de CSI, la Corporacion Siderurgica, désormais imminente, et à laquelle Usinor est candidat. A l'appel des deux principales centrales syndicales, les 11.000 travailleurs de l'entreprise ont observé hier une grève générale de vingt-quatre heures qui a été largement suivie. D'autres mouvements sont prévus dans le courant du mois, avant l'annonce de la décision définitive, prévue pour la fin de juillet ou le début d'août. Les syndicats affirment s'opposer à la mise sous contrôle de l'étranger d'une entreprise dont le renflouement a déjà coûté aux contribuables quelque 700 milliards de pesetas (28 milliards de francs), et demandent que l'Etat espagnol maintienne une présence dans le capital afin de garder un oeil sur la gestion. Sensibles au syndrome de Vilvorde, ils craignent en fait que les décisions stratégiques sur le futur de l'entreprise n soient désormais prises de l'extérieur, sans prendre en considération la situation délicate de l'emploi dans les Asturies, une des régions d'Espagne les plus affectées par la reconversion industrielle. Né de la fusion des principales entreprises sidérurgiques publiques des Asturies et du Pays basque, CSI a produit l'an dernier 4,7 millions de tonnes d'acier, avec un chiffre d'affaires de 306 milliards de pesetas, 21 % de moins qu'en 1995. Il compte trois divisions : produits longs, plats et transformés. Le gouvernement espagnol a pourtant mis au point un système de privatisation alambiqué destiné à maintenir partiellement l'hispanité de l'entreprise. Une proportion comprise entre 40 et 55 % du capital sera introduite en Bourse, tandis qu'une autre de 10 à 25 % sera vendue de gré à gré à une entreprise espagnole du secteur sidérurgique. Les principales d'entre elles, comme Celsa, Aristrain et Marcial Ucin, ont déjà fait connaître leur intérêt. Seuls les 35 % restants seront vendus à une entreprise étrangère. Quatre candidats sont officiellement sur les rangs, et devront communiquer au gouvernement leur plan industriel avant le 10 juillet : outre le français Usinor et l'italien Riva - qui partent favoris -, le luxembourgeois Arbed et l'américain US Steel. Le britannique British Steel et l'allemand Thyssen ont, pour leur part, renoncé. Les quatre candidats se sont engagés à payer 84 milliards de pesetas et à souscrire 25 milliards d'obligations à cinq ans exigés à titre de garantie : passé ce délai, les titres ne pourront être remboursés et seront intégrés au capital de CSI si l'entreprise acquéreur n'a pas respecté ses engagements, tels qu'ils figurent dans le plan présenté aux autorités. Thierry Maliniak, à Madrid
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