Bonn doute des mariages Aerospatiale-Dasa

LES MARIAGES à 50-50 dans les satellites, d'une part, et les missiles tactiques, d'autre part, entre Aerospatiale et l'allemand Dasa (Daimler-Benz Aerospace) sont à nouveau fragilisés. Déjà repoussés de 1995 à 1996, on ne les espère plus que pour la fin de l'année, « voire le début 1997 », confie un responsable d'Aerospatiale. Le doute apparaît même sur leur concrétisation. Pourtant l'évaluation des actifs respectifs, les « due diligences », serait bien avancée et pourrait être achevée cet été. Mais, depuis quelques semaines, les officiels allemands de la défense dénoncent la nouvelle loi de programmation militaire française 1997-2002, dont les crédits de 516 milliards de francs, en recul de 20 %, maltraiteraient les commandes de missiles tactiques par l'Hexagone. Dès lors, Bonn doute du bien-fondé du mariage dans les missiles et surtout de sa structure : le siège social et le patron devraient être français et la remontée de dividendes se ferait à l'avantage d'Aerospatiale (l'inverse est prévu pour l'union dans les satellites). Les Allemands veulent brûler les étapes La deuxième grande incertitude venue d'outre-Rhin porte sur les satellites. Même si, fin 1995, le sommet Chirac-Kohl de Baden-Baden a enfin entériné le projet de satellites militaires franco-germaniques, les Allemands s'interrogent encore sur l'utilité de développer d'abord un satellite optique infrarouge, Helios 2, sous maîtrise d'oeuvre française, alors que les Américains disposent déjà de cette technologie. Les responsables militaires germaniques préféreraient réaliser directement le satellite d'observation radar Horus-Osiris, sous maîtrise d'oeuvre allemand qui serait unique au monde et n'est prévu qu'ultérieurement. Outre-Rhin, on rappelle que, constitutionnellement, le ministre de la Défense et le Parlement germanique peuvent décider de renoncer à Helios 2 sans que le chancelier Kohl puisse s'y opposer. Les pouvoirs publics français répliquent que, si les commandes d'armement hexagonales ont été revues à la baisse, celles de l'Allemagne, également confrontées à de lourds déficits publics, pourraient bien l'être à leur tour. A la tête d'Aerospatiale, on préfère rester serein en laissant entendre que les remontées de dividendes peuvent être renégociées et que des arbitrages et des mouvements de vases communicants entre les deux projets de mariage peuvent intervenir. D'autant que l'activité satellites est à 80 % civile grâce aux télécommunications, avec un fort rôle de Dasa comme sous-traitant et équipementier. OLIVIER PROVOST
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