La recherche pharmaceutique en pleine mutation

LES LABORATOIRES qui poursuivent un effort de recherche fondé sur une seule approche, sans disposer de la masse critique ou de l'envergure innovatrice, risquent de ne pas rentabiliser leur investissement », estime la firme de courtage américaine Lehman Brothers qui vient de publier Pharma Pipelines son rapport annuel prospectif sur les médicaments. Le problème posé par les nouvelles contraintes de la recherche-développement ne pourra être résolu, affirment les auteurs de l'étude que si le coût unitaire de mise au point des nouvelles molécules est réduit. Les fusions et acquisitions en raison des gains de productivité qui y sont associés contribuent à cette réduction, mais n'épuisent pas le sujet. La collaboration devient inévitable Pour améliorer le retour sur investissement en matière de recherche de nouveaux produits, les laboratoires doivent en effet multiplier les collaborations extérieures avec des petites sociétés qui leur donnent accès à un large éventail de technologies in- novantes, accroissant ainsi leur chance de réaliser une vraie percée. « Le récent empresse- ment des grands de la pharma- cie à investir dans les nouveaux outils, tels que la chimie com- binatoire (accord Glaxo-Affymax), les données génétiques (accord SmithKline Beecham-Human Genome Sciences) ou la théra- pie génique (accord Sandoz-Gene Therapy) témoignent de la prise en compte du caractère inéluctable de cette évolution », note le rapport de Lehman Brothers. Le nombre et l'importance des accords signés entre les grands groupes pharmaceutiques et les petites sociétés de technologie augmente d'ailleurs d'année en année. La poursuite du mouvement de concentration des grands groupes pharmaceutiques combinée à la multiplication des accords avec les sociétés de technologie devrait contribuer à résoudre le paradoxe actuel de la recherche. En conséquence, on devrait assister à une augmentation du nombre de nouvelles molécules mises sur le marché. Et parmi celles ci, les protéines obtenues par recombinaison génétique occuperont une place croissante. D'ici à 2000, une centaine de ces produits devrait être lancée contre dizaine sur la période 1988-1993. Mais, même dans les domaines où les pro- grès technologiques promettent un vrai progrès thérapeutique, il sera très difficile de conserver longtemps une position dominante. La plupart de ces petites sociétés resteront des spécialistes de la découverte ne souhaitant pas commercialiser elles-mêmes leurs produits. D'où la nécessité pour elles de s'allier aux grands de la pharmacie... et pour les grands de la pharmacie de s'allier aux petites sociétés pour réduire leurs coûts de recherche et stimuler l'innovation. CATHERINE DUCRUET
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