Allemagne : Rupert Murdoch se tourne vers Leo Kirch

Leo Kirch est un grand farceur. Il a choisi le jour de la ratification définitive des accords de fusion entre UFA, filiale audiovisuelle de Bertelsmann, avec la Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion (CLT), pour dévoiler son alliance avec Rupert Murdoch. L'opportunisme de Leo Kirch en dit long sur la concurrence acharnée que se livrent les grands intervenants de la télévision numérique pour la conquête du premier marché audiovisuel européen. Le patron bavarois a profité des démêlés qui opposent Canal+ et Bertelsmann pour attirer à lui Rupert Murdoch et son groupe BSkyB. Ainsi, Leo Kirch lui offre une part substantielle du capital de DF1, son projet de bouquet numérique qui doit être lancé le 28 juillet, qui pourra aller jusqu'à 49 %. De plus, il soutient la volonté de BSkyB d'acquérir au moins 25 % de DSF, une chaîne sportive à partir de laquelle seront bâtis les programmes sportifs de DF1. Dans le même temps, Rupert Murdoch annonce qu'il se retire de Newco, la plate-forme numérique créée en mars dernier avec Bertelsmann, Canal+ et Havas, à la faveur d'un spectaculaire renversement d'alliance. Pour le moment, les deux partenaires n'indiquent pas les modalités financières de l'accord. Des observateurs allemands évoquent un possible échange partiel de participations. Toutefois, un apport en cash de la part de Rupert Murdoch aiderait grandement son associé qui compte investir un peu plus de 3 milliards de francs d'ici à l'an 2000. Une offre de 17 programmes au démarrage Ce renversement d'alliance ne constitue pas véritablement une surprise. Le mois dernier, le patron de BSkyB avait adressé un sérieux avertissement à Bertelsmann dénonçant la lenteur avec laquelle le dossier avançait. Dans un courrier, il émettait notamment des réserves sur l'opération de fusion entre UFA et la CLT avec laquelle il a failli s'associer avant de changer, une première fois, son fusil d'épaule. Mais surtout, il s'inquiétait de la possibilité d'entrer au capital de Premiere, la chaîne à péage codétenue par Bertelsmann, Canal+ et Leo Kirch. La seule chaîne payante allemande représente pour chacun de ces trois acteurs un enjeu essentiel. Avec 1,1 million d'abonnés, elle constitue la meilleure base de lancement pour tout bouquet de programmes numérique. A noter que, dans leur communiqué commun, ni Rupert Murdoch ni Leo Kirch ne font mention de Premiere, qui devrait vraisemblablement figurer dans au moins deux bouquets concurrents. Le patron de BSkyB peut maintenant vanter la position de DF1 en Allemagne, en soulignant que l'opérateur est en « première position dans la mise en place du marché ». Il est vrai qu'il sera le premier à démarrer avec une offre de dix-sept programmes, alors que Newco en est encore au point mort. De plus, deux chaînes américaines rejoignent DF1, NBC et CNBC. Habile et pragmatique, il n'a pas hésité à accumuler les renversements d'alliance pour trouver le partenaire qui doit lui permettre de prendre pied, enfin, en Europe continentale. D'ailleurs, les deux trouble-fête n'excluent pas de mener d'autres projets en commun. Ils ont déjà failli se trouver côte à côte en Italie dans le dossier Mediaset, le pôle audiovisuel de Silvio Berlusconi. Thierry Del Jésus
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