Le Sernam s'allie au géant Kühne & Nagel

A l'instar des principaux opérateurs de la messagerie, le Sernam se prépare à son tour à l'émergence d'un grand marché européen. Le service de messagerie de la SNCF (197 millions de francs de pertes en 1994, pour un chiffre d'affaires de 4,7 milliards) a en effet conclu un important accord de coopération avec Kühne & Nagel, firme allemande basée en Suisse. Cet accord, passé avec l'un des premiers commissionnaires de transport en Europe (220 millions de francs français de bénéfice, pour un chiffre d'affaires de 21,8 milliards) est destiné à lui ouvrir l'ensemble des pays de l'Union européenne. Le Sernam et Kühne & Nagel sont déjà partenaires dans le cadre d'un joint-venture créé à l'origine pour traiter le transport et la distribution de Hewlett Packard. L'accord, dévoilé hier, est spécifique aux envois en messagerie classique et court - dans un premier temps - sur cinq ans. Effectif depuis lundi, il s'appliquera d'abord à l'Allemagne, la Suisse et la France, avant de s'étendre progressivement à l'ensemble de l'Union européenne. Le Sernam effectuera dans l'Hexagone la distribution des colis de Kühne & Nagel, tandis que celui-ci assurera la distribution des envois de son partenaire français dans l'UE. Ultérieurement, la coopération pourrait être étendue aux pays de l'Est. Un redressement aussi urgent qu'indispensable Dans un premier temps, le service de messagerie de la SNCF compte réaliser dans l'Union européenne environ 10 % de son chiffre d'affaires dans la messagerie. Le Sernam, qui travaillait traditionnellement avec les sociétés de chemin de fer, ne traite aujourd'hui quasiment plus de fret de ce type à l'échelle européenne. C'est pourquoi son accord avec Kühne & Nagel s'avère stratégique, d'autant qu'il complète son européanisation dans l'express : depuis fin 1993, le service de messagerie de la SNCF coopère en effet avec le réseau GDEW (celui-ci réunit l'australien TNT et plusieurs sociétés postales, dont La Poste) et l'italien Bartolini pour le seul marché transalpin. Reste que le Sernam a surtout besoin d'un rapide redressement, car l'année 1995 devrait se traduire par une nouvelle dégradation de sa situation financière. « L'exercice est très mau-vais », reconnaît son directeur général, Jacques Peter, qui se refuse à donner la moindre prévision. Le plan de restructuration, lancé dans l'optique de la filialisation décidée par l'ancien président de la SNCF, Jean Bergougnoux, s'avère plus que jamais nécessaire. Quant au projet de filialisation, il devra désormais être confirmé par Loïk Le Floch-Prigent, le nouveau patron de la société nationale, et par les pouvoirs publics. Pour Kühne & Nagel, l'accord avec le Sernam vise à renforcer sa toile européenne (7.000 personnes, 200 sites et 660.000 mètres carrés de surfaces d'entrepôts) avec une présence plus forte en France. D'ores et déjà, la firme allemande réalise sur le marché français une dizaine de millions de francs de profits pour environ 1 milliard de chiffre d'affaires. C. P.
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