Double investissement pour Hitachi dans les mémoires

Trois semaines après avoir décidé de gonfler son usine allemande de composants, le japonais Hitachi annonce le lancement de deux nouveaux sites de production : l'un en Malaisie, l'autre à Singapour. Ce double investissement évalué à 230 milliards de yens, soit près de 11 milliards de francs, sera réalisé dans les deux cas sous forme de joint-venture. Le premier avec le coréen LG Semicon (ex-Lucky Goldstar) à hauteur de 130 milliards de yens, le second étant réalisé en collaboration avec le numéro un mondial de l'acier, le japonais Nippon Steel. Ces deux tranches supplémentaires produiront des mémoires informatiques de type Dram de 16 mégabits et 64 mégabits, deux puissances qui sont appelées à succéder rapidement à la génération des 4 mégabits, la plus utilisée actuellement. La production devrait débuter en 1998 pour la Malaisie à raison de 30.000 « wafers » - les galettes de silicium sur lesquelles sont gravées les puces - par mois. De toute évidence, Hitachi a décidé de pousser les feux. En l'espace de six mois, le deuxième producteur mondial de mémoires Dram a réalisé toute une série d'investissements, notamment au Japon et au Texas, où la construction de deux usines a été décidé, dont la seconde en partenariat avec Texas Instruments. Puis, plus récemment, la firme japonaise a décidé de tripler les capacités de production de son usine allemande de microcontrôleurs et de mémoires Dram de 16 mégabits. Soit, au total, un investissement d'environ 1,7 milliard de dollars (8,1 milliards de francs). Le phénomène dépasse d'ailleurs largement le cas du géant japonais. La généralisation du téléphone mobile, la popularité croissante des micro-ordinateurs et le décollage programmé de la télévision interactive dopent les ventes de semi-conducteurs et incitent l'ensemble des industriels à consentir de lourds investissements. Au fil des annonces, les cabinets d'études revoient leurs prévisions à la hausse : près de 35 milliards de dollars d'investissements consentis en 1995, au moins autant déjà prévus pour les années 1996 et 1997. Après avoir franchi en 1994 la barre des 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires, l'industrie des semi-conducteurs pourrait atteindre les 350 milliards d'ici à l'an 2000. Selon le cabinet d'études Dataquest, une centaine de nouvelles usines devraient sortir de terre dans la période 1995-1997. Particulièrement dynamique, la région Asie-Pacifique bénéficie à la fois des efforts des groupes sud-coréens (les nouveaux champions des mémoires), et du retour en force des industriels japonais qui, outre les investissements consentis sur leur territoire, multiplient dorénavant les délocalisations à proximité de l'archipel. Mais sur un marché en pleine croissance, même l'Europe, quelque peu à la traîne, enregistre des performances remarquables. Le Royaume-Uni, l'Allemagne (en particulier Dresde) mais aussi la France (SGS-Thomson, près de Marseille, IBM à Corbeil-Essonnes) tirant leur épingle du jeu. D. B. et G. M.
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