Propreté + Sita, filiale de Suez-Lyonnaise, redéploie ses forces en Europe

Premiers effets de la fusion entre la Lyonnaise des Eaux et Suez : Sita, filiale propreté du groupe, va devoir céder quelques points de parts de marché en Belgique où elle est le numéro deux dans la gestion des déchets. Il lui faut satisfaire aux recommandations de la Commission de Bruxelles, compte tenu du risque de position monopolistique qu'aurait pu détenir le groupe français. En effet, le numéro un du secteur en Belgique est le groupe Watco, filiale de Tractebel et donc partie inté- grante du nouvel ensemble Suez-Lyonnaise. « Nous allons donc nous désengager pour environ 200 millions de francs de chiffre d'affaires, ce qui reste très modeste sur un total de 9 milliards de francs », commente Jacques Pétry, PDG de Sita. La participation de 49 % dans la société wallonne Page (en joint-venture avec Cockerill-Sambre) et les 100 % de la société Sobry pourraient notamment être vendus. Averti des susceptibilités qui ont émergé en Belgique dans le sillage de la fusion, Jacques Pétry n'en espère pas moins voir collaborer Watco (3 milliards de francs de chiffre d'affaires) et Sita. « Nous n'irons pas les gêner en Belgique mais il serait logique de prospecter ensemble de nouveaux marchés, en Allemagne ou aux Etats-Unis, par exemple. » Un marché de 150 milliards. Le domaine d'activité de Sita reste centré en Europe. Le marché des déchets y représente 150 milliards de francs, contre 200 milliards aux Etats-Unis, 20 milliards en Asie et 20 milliards en Amérique latine. La société souhaite investir les marchés des « retardataires du déchet », à savoir le Portugal, la Grèce, l'Italie et toute l'Europe de l'Est. Il faudra pourtant que Sita fasse preuve d'un peu de patience : le traitement des ordures reste encore un luxe de pays riches. En attendant, Sita entend poursuivre son développement sur les marchés français, belge, britannique et espagnol où elle est solidement implantée mais où il reste pas mal de grain à moudre, selon Jacques Pétry. En France, Sita vient de se renforcer en rachetant les actifs de l'américain Waste Management, qui a jeté l'éponge, la semaine dernière, sur un marché où Sita et son concurrent du groupe Générale des Eaux, la CGEA, sont dominants. En Grande-Bretagne, la dispersion du marché du déchet est tel (le premier détient seulement 6 % du marché) qu'un regroupement est probable à terme. Sita pourrait alors être intéressé par le rachat de sociétés petites ou moyennes, le marché britannique étant très en retard sur la France pour le traitement des déchets (84 % mis en décharge, le recyclage et l'incinération restant modestes). De fait, Sita a profité, pour s'implanter au Royaume-Uni, du thatchérisme, qui a fait éclater l'ancien système des régies de services municipaux pour introduire le privé dans la gestion. En une dizaine d'années, la société a récolté suffisamment de contrats pour réaliser un chiffre d'affaires de 175 millions de livres, employer 5.000 salariés et coopérer avec les municipalités de façon originale. Comme, par exemple, cette alliance avec des élus de la gauche du Labour, au nord de Londres, pour l'exploitation du plus gros incinérateur de déchets du pays. La « bête » brûle 550.000 tonnes d'ordures par an et produit de l'électricité pour 300.000 Londoniens, en accord avec les règlements de Bruxelles sur le traitement des fumées. Aline Richard
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