Lufthansa entre dans une nouvelle zone de turbulences

L'assemblée générale des actionnaires de la Lufthansa qui se tient aujourd'hui à Francfort risque d'être mouvementée. L'année 1996 s'avère de fait plus périlleuse que prévue pour la compagnie allemande, après un exercice 1995 jugé pourtant difficile, mais qui s'est achevé sur un bénéfice courant de 756 millions de deutsche marks. Le quotidien Süddeutsche Zeitung a dévoilé à la mi-juin qu'elle aurait accumulé une perte opérationnelle de plus de 200 millions de marks à la fin mai (680 millions de francs). Un chiffre aussitôt démenti à Francfort, où l'on rappelle que, sur les trois premiers mois de l'année, le groupe a enregistré une perte courante de 49 millions de marks à mettre en parallèle avec le déficit de 55 millions du premier trimestre de 1995. Traditionnellement, les mois d'hiver, avec un trafic moins dense, sont moins bons. Dans une interview au magazine Der Spiegel publiée lundi, le président de la Lufthansa, Jürgen Weber, reconnaît que le début d'année a été décevant, mais assure que le groupe a retrouvé la voie du bénéfice depuis mai et que son résultat sur l'année sera positif. Il devrait communiquer aujourd'hui une première estimation de résultats pour le premier semestre. 1 milliard d'économies prévu d'ici à 2001 L'an dernier, les six premiers mois s'étaient clos sur un bénéfice avant impôts de 189 millions de marks, imputable notamment à la forte augmentation du nombre de passagers transportés (+ 11,3 %) et du fret (+ 17,9 %). Le coefficient de remplissage avait ainsi progressé de 1,4 %, à 69,8 %, alors qu'il est en forte baisse cette année. L'incendie qui a ravagé l'aéroport de Düsseldorf en avril a déjà fait perdre à la compagnie plus de 120.000 passagers et il faudra encore plusieurs mois avant que le trafic ne redevienne normal. Mais la stagnation de l'économie dans la plupart des pays européens serait aussi responsable de la baisse d'activité. Ce qui avive fortement la concurrence et a contraint Lufthansa à répondre aux offres de prix jugées de dumping de certaines compagnies et à améliorer son service en business. « Des sociétés comme Air France reçoivent de l'argent des contribuables, ce qui leur permet de proposer des aller et retour Paris-Munich à 350 deutsche marks. De tels prix font tort à long terme à tout le marché », s'irrite Jürgen Weber. Résultat : le taux de remplissage de ses avions a semble-t-il chuté à 64,9 % à la fin mai alors que pour atteindre l'équilibre d'exploitation la compagnie a besoin de 68 %. Le fret aussi a déçu. Ces mauvais résultats ont au moins l'avantage pour la direction de mieux faire passer la nouvelle pilule que leur président veut faire avaler aux salariés. D'ici à 2001, Jürgen Weber veut économiser un milliard de marks, c'est-à-dire faire tomber le coût du siège par kilomètre à moins de 15 pfennigs, contre 17 aujourd'hui, en améliorant la productivité et en internationalisant davantage. Une grande partie des efforts sera supportée par les salariés qui, en contrepartie, recevront des actions de la compagnie. Les négociations salariales débutent en septembre. Bénédicte de PERETTI, à Munich
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