L'affaire Bidermann

La collusion financière entre Elf et Bidermann remonte à avril 1990, un mois après l'acquisition par le groupe textile de l'américain Cluett Peabody. Pour aider son ami de longue date, Maurice Bidermann, Loïk Le Floch-Prigent, alors président d'Elf Aquitaine, entre dans le capital de la filiale américaine du numéro un français de l'habillement masculin. La somme investie à l'époque semble modeste : 27 millions de francs. Trois ans plus tard, un rapport de la Cour des comptes chiffre l'addition pour la compagnie pétrolière à 787 millions de francs, n'hésitant pas à émettre des doutes sur les montages financiers imaginés par le président et ses collaborateurs pour les débloquer au profit du groupe Bidermann. Un avis relayé par la Commission des opérations de Bourse, qui aboutit le 18 août 1994 à l'ouverture d'une information judiciaire contre X. Depuis, huit personnes ont été mises en examen, à commencer par Maurice Bidermann lui-même - incarcéré depuis le 24 mai à la prison de la Santé - l'ex-épouse de Loïk Le Floch-Prigent, Fatima Belaïd, et André Tarallo, le président d'Elf Gabon, mis en examen le 3 juillet pour « complicité d'abus de biens sociaux ». Une partie de ces fonds a en effet été versée par Elf Gabon, soit directement, soit par l'intermédiaire de l'une de ses filiales, la CPIH (Compagnie de Participations et d'Investissements Holding). En échange de ce soutien, le couple Le Floch-Prigent est soupçonné d'avoir bénéficié d'avantages financiers et en nature. Mais les déboires judiciaires de l'actuel président de la SNCF ne se limitent plus désormais à la seule affaire Bidermann. Lors d'une perquisition au siège de la compagnie pétrolière, le juge Eva Joly a saisi récemment des documents relatifs aux investissements immobiliers du groupe entre 1991 et 1993. Des achats d'immeubles, évalués à quelque 900 millions de francs, auraient donné lieu à des versements de commissions qui auraient transité par des sociétés écrans. Par ailleurs, le magistrat instructeur a obtenu du parquet de Paris un réquisitoire supplétif l'autorisant à enquêter sur deux commissions versées lors du rachat du raffineur espagnol Ertoil et de celui de la société Oxy Petroleum. S. S.
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