L'affaire Bidermann rattrape Loïk Le Floch-Prigent

C'était inéluctable : le président de la SNCF, Loïk Le Floch-Prigent, n'échappera pas à l'affaire Elf-Bidermann. L'ancien patron d'Elf Aquitaine est convoqué jeudi 4 juillet par le juge d'instruction parisien Eva Joly, en vue de sa très probable mise en examen, affirmait samedi l'Agence France Presse, citant des sources sûres et concordantes. Loïk Le Floch-Prigent, qui fut PDG de la compagnie pétrolière de juin 1989 à août 1993, devra notamment s'expliquer sur les montages financiers « douteux », via Elf Gabon, au travers desquels le groupe pétrolier a englouti près de 800 millions de francs dans le renflouement du groupe textile Bidermann, au début des années 90. Avec la mise en examen de l'actuel président de la SNCF, l'affaire Elf-Bidermann prendrait une tournure spectaculaire, et ce pour au moins deux raisons : d'une part, elle interviendrait au moment même où le cadre et les modalités du redressement de la société nationale sont sur le point d'être entérinés (voir ci-dessous). D'autre part, elle pourrait fragiliser une entreprise aujourd'hui pacifiée et prête se lancer à la reconquête de sa clientèle. Interrogé récemment sur l'éventualité de sa mise en examen, Loïk Le Floch-Prigent avait rappelé que, « dans un Etat de droit, lorsqu'on est mis en examen, on est présumé innocent ». Les pouvoirs publics, qui saluent son travail à la tête de l'entreprise, n'en suivent pas moins avec attention l'évolution du dossier : « Pas de commentaire avant jeudi », déclarait-on hier au ministère des Transports. La prudence est d'autant plus de mise qu'Eva Joly, qui instruit le dossier depuis août 1994, a déjà placé en détention préventive Maurice Bidermann, patron du groupe textile, le 24 mai. Elle l'avait déjà mis en examen le 26 mars. Le même jour, l'ancienne épouse de Loïk Le Floch-Prigent, Fatima Belaid, soupçonnée d'avoir bénéficié des libéralités de Maurice Bidermann, était également mise en examen pour « recel d'abus de biens sociaux ». Par la suite, le juge Eva Joly avait mis en examen Charles Henri-Filippi et Alain Bechtel, anciens PDG respectifs de deux filiales financières d'ELF Gabon, la société luxembourgeoise CPIH et la société Epic (Etudes et Participations Industrielles et Commerciales), puis Dominique Bouchez, ancien directeur financier du groupe Bidermann. Une situation périlleuse Mais, au fil de l'enquête, c'est une autre affaire, une « affaire Elf », qui a pris également forme. Eva Joly a en effet saisi des documents relatifs à des investissements immobiliers, évalués à environ 900 millions, qui auraient donné lieu à des versements de commissions d'environ 140 millions de francs à des sociétés off-shore. Ces découvertes ont conduit le juge à écrouer le 30 mai Jean-François Pagès, ancien directeur du patrimoine immobilier d'Elf. Le lendemain, il mettait en examen le docteur Laurent Raillard, un ancien proche de François Mitterrand, poursuivi pour avoir occupé gratuitement une propriété de Louveciennes (Yvelines), qu'Elf Aquitaine lui avait achetée. Enfin le juge est sur la piste de commissions versées par Elf à des intermédiaires lors du rachat de sociétés. L'ancien patron d'Elf Aquitaine paraît d'autant plus menacé qu'il aurait, selon de nombreux protagonistes, transféré les pouvoirs de plusieurs directions du groupe à une équipe constituée de proches collaborateurs. Des proches qui auraient agi sur ses instructions. C. P. avec AFP
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.