"La France a donné son accord aux avances remboursables pour l'A350"

EADS doit donner aujourd'hui son feu vert au lancement industriel de l'Air- bus A350. La France va-t-elle lui accorder des avances remboursables sur ce programme ?- Le président d'Airbus a sollicité de ma part un accord de principe sur l'octroi d'avances remboursables. J'ai demandé à mes services d'instruire très rapidement le dossier, et je peux vous dire aujourd'hui que le principe est acquis.Quel est le montant de cette avance ?- Le dossier est en cours d'examen.Quelle est la position des trois autres pays du programme, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne ?- Le président d'Airbus a effectué la même démarche auprès des autres pays du programme Airbus. Une réunion d'experts a eu lieu la semaine dernière. Je retiens leur position de prin- cipe d'un soutien à Airbus pour l'A350. Une réunion entre ministres concernés devra se tenir dans les prochaines semaines.Ne craignez-vous pas d'agiter le chiffon rouge au nez des Américains alors que les procédures sur les aides à Boeing et Airbus sont en cours devant l'OMC ?- Non. Les procédures en cours n'interdisent pas de prendre des positions de principe. Nous voulons une vraie négociation entre l'Europe et les États-Unis. Les quatre pays européens concernés l'ont dit au commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson. Et quoi qu'il en soit, la mise en oeuvre effective d'aides éventuelles ne sera pas immédiate. Le délai qui existe entre une décision de principe et des versements peut être mis à profit pour ouvrir cette négociation. En tout état de cause, nous n'avons pas prévu de versement d'avances dans le cadre du budget 2006.Dans le secteur des transports terrestres, les mouvements sociaux de mardi ont remis à l'ordre du jour la question du service minimum. Que comptez-vous faire sur ce dossier ?- La journée du 4 octobre a fait la démonstration que le service garanti a fonctionné dans les transports, notamment à la RATP et à la SNCF en Ile-de-France. Ce premier rendez-vous était fondamental et a été un succès. Mais la situation était beaucoup plus difficile dans certaines grandes villes de province où il n'existe pas d'accord sur le service garanti. J'ai donc demandé à l'Union des transports publics (UTP) de relancer les discussions avec les autorités organisatrices et les syndicats pour mettre en place des dispositifs analogues à celui de l'Ile-de-France. Je ferai le point sur le dossier en janvier devant les parlementaires.Où en est la procédure d'appel d'offres sur la privatisation des autoroutes ?- Nous avons reçu les offres non liantes des candidats. Les services compétents de Bercy doivent envoyer dans les prochains jours des demandes d'offres fermes aux candidats. Leur examen devrait vraisemblablement prendre une semaine. Il faut que nous ayons achevé les opérations avant la fin de l'année sachant que rien n'oblige à mener de front les trois dossiers [APRR, Sanef et ASF Ndlr].Quelles avancées sur la sécurité aérienne attendez-vous du conseil des ministres des Transports européens qui se tient aujourd'hui ?- Nous allons aborder plusieurs mesures susceptibles d'améliorer la sécurité aérienne : d'abord l'élaboration de critères communs d'interdiction des compagnies aériennes à risque, ensuite la publication d'une liste commune des compagnies interdites, puis la communication aux passagers du nom de la compagnie au moment de la réservation d'un voyage, et enfin le renforcement des missions de l'Agence européenne de sécurité aérienne. Nous aborderons aussi la question du renforcement de l'échange d'informations entre les pays. Et nous chercherons à améliorer la cohérence de la position de l'Union européenne au sein de l'Organisation internationale de l'aviation civile. Il s'agit de disposer d'un système de sanctions efficace pour les pays déficients en matière de sécurité.Est-ce que vous excluez du coup la possibilité de procéder à des audits dans les pays tiers comme le font les États-Unis ?- Il ne faut pas l'exclure. Nous devons nous organiser pour qu'un dispositif européen efficace nous donne les moyens de réaliser des actions qui vont au-delà des textes existants. Dans ces conditions, un pays qui voudra que ses compagnies accèdent au ciel européen acceptera de se faire auditer. Dans le même temps, pour aider les pays qui en ont besoin, la France est prête à participer à un programme de soutien technique à leur égard.Ce renforcement de l'arsenal sécuritaire ne risque-t-il pas de provoquer des représailles des pays tiers vis-à-vis des compagnies européennes ?- On peut craindre en effet une réaction de colère de la part de certains pays. Mais ce qui compte avant tout, c'est la sécurité des passagers. Et il faut s'en donner les moyens.Le projet ferroviaire Lyon-Turin a-t-il avancé ?- Les travaux et études préliminaires à ce programme sont en cours. Une enveloppe de 535 millions d'euros a été débloquée pour terminer les études préliminaires. Par ailleurs, nous avançons sur le trajet français. Je déciderai sans doute avant la fin de l'année du tracé des voies d'accès côté français dans le Bas-Dauphiné. Nous lancerons la déclaration d'utilité publique en 2006 et nous allons, d'ici quelques jours, confier un mandat à la conférence intergouvernementale pour travailler sur le dispositif opérationnel de réalisation du projet. Les deux gouvernements souhaitent démarrer les opérations de la partie centrale du tunnel au plus tard en 2010.Propos recueillis par Chantal Colomer, Béatrice d'Erceville et Fabrice Gliszczynsk
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