Enel mobilise les banques pour financer son OPA sur Suez

Le groupe italien d'électricité Enel prépare activement sa riposte dans le dossier Suez. Une source financière milanaise a confirmé hier soir à La Tribune qu'Enel est en train de mettre sur pied un financement de l'ordre de 45 à 50 milliards d'euros afin de pouvoir lancer une OPA sur Suez. Cette source nous a confirmé l'information publiée hier par le quotidien romain Il Messaggero selon laquelle le directeur financier d'Enel, Claudio Machetti, a contacté ces derniers jours à nouveau "les principales institutions financières italiennes" pour obtenir un prêt syndiqué nécessaire à une offre sur Suez. Enel ne dispose en effet que de 15 milliards d'euros pour réaliser une acquisition.Contacté hier soir par La Tribune, Enel a indiqué "ne pas commenter" ces informations. Loin de lâcher prise sur Suez après l'annonce de la fusion défensive du groupe français avec Gaz de France, le conseil d'administration d'Enel, qui se réunira de nouveau ce mercredi, aurait décidé le 1er mars de préparer une offensive qui serait lancée aussitôt après que la Commission européenne se sera prononcée sur l'intervention du gouvernement français contre l'OPA hostile envisagée initialement sur Suez par Enel et Veolia.Le crédit-relais que met actuellement en place Claudio Machetti doit encore répartir les différentes tranches prises en charge par les banques italiennes impliquées. La tranche maximum serait de 5 milliards d'euros et ne pourrait être fournie que par UniCredit ou Banca Intesa. Les autres établissements bancaires italiens mobilisés par Enel seraient Mediobanca, Capitalia, Sanpaolo-IMI, Monte Paschi di Siena ainsi que les banques étrangères Credit Suisse (servant déjà de banque d'affaires conseil d'Enel), Deutsche Bank, Dresdner Bank et UBS.Les cinq premières banques de la péninsule seraient donc de la partie mais pas la sixième, la BNL, sur le point d'être acquise par BNP Paribas, dont le patron, Baudouin Prot, est administrateur de Veolia. Singulièrement si Banca Intesa finançait une OPA d'Enel, elle irait en sens inverse de son principal actionnaire, le Crédit Agricole, décidé à ne pas céder ses propres titres Suez à une OPA.De toute évidence, le camp italien entend mettre sur pied une alternative crédible et solide sur le plan financier avant d'affronter le casse-tête politique d'une OPA lancée sur Suez contre la volonté du gouvernement français. "Il faut d'abord vérifier que l'opération peut se faire d'un point de vue technique, industriel et offrir aux actionnaires de Suez une proposition bien meilleure substantiellement que celle de Gaz de France [une action GDF pour une action Suez, Ndlr]", indiquait la semaine dernière à La Tribune le patron d'une des banques impliquées dans ce gigantesque prêt à Enel pour son OPA.En cas de succès de son OPA, Enel aurait de toute façon l'intention de revendre des activités de Suez, dont l'eau, pour récupérer entre 15 et 20 milliards d'euros. Dès l'origine, Enel s'est surtout montrée intéressée par Electrabel, la filiale belge d'électricité de Suez. Une offre alléchante d'Enel pourrait peut-être convaincre des actionnaires importants de Suez comme Albert Frère (7,3 % de Suez).Frank Paul Weber, à MilanDeux géants européens de l'énergie de poids comparableENEL a réalisé en 2005 un chiffre d'affaires 2005 de 34 milliards d'euros (+ 9,7 %).SUEZ, de son côté, a annoncé un chiffre d'affaires de 41,5 milliards d'euros, (+ 8,9 %).EBITDA (excédent brut d'exploitation) : le groupe italien estime qu'il devrait dépasser 7,7 milliards d'euros en 2005, en hausse de 10 % sur 2004. Suez n'a pas encore publié son Ebitda.CAPITALISATION BOURSIÈRE au 3 mars : Enel (42,5 milliards d'euros) ; Suez (39,6 milliards).EFFECTIFS : Enel emploie 51.778 personnes, Suez 160.700. Fulvio Conti, PDG d'Enel.
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