Marc Rochet crée le " chic et pas cher " du transport aérien

C'est l'un des paris les plus osés du ciel français : le lancement d'une compagnie long-courrier avec un concept complètement nouveau, sur l'une des plus grosses routes de la planète, face à des mastodontes du transport aérien qui ensemble pèsent près de 80 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Tel est le challenge qu'a accepté de relever Marc Rochet, 56 ans, ancien président d'AOM puis d'Air Liberté, aujourd'hui président du directoire d'Elysair, la maison mère de la compagnie aérienne L'Avion. " J'aime les défis. S'il avait fallu lancer une compagnie standard, j'aurais refusé. Là, il s'agit de créer quelque chose qui n'existe pas " , confie ce vieux routier de l'aérien.L'Avion va exploiter entre Paris et New York un Boeing 757 équipé d'une seule classe affaires de 90 sièges (alors que cet appareil peut en contenir jusqu'à 220), pour 1.600 à 3.200 euros taxes comprises l'aller-retour " contre grosso modo le double sur la classe affaires des majors... et 2.400 euros pour le tarif le plus élevé de la classe économique ", rappelle Marc Rochet. Pour obtenir un tel écart, L'Avion dispose certes d'une structure de coûts allégée. Mais il va surtout prendre " moins de marge " que les compagnies classiques qui vendent la classe affaires largement au-dessus du point d'équilibre.Le concept est développé depuis l'an dernier entre les États-Unis et Londres par les américaines Maxjet (100 % classe affaires) et EOS (100 % première classe). Mais l'idée de L'Avion est bien antérieure. Elle émane d'un jeune ingénieur passionné d'aviation, Frantz Yvelin , qui, à l'issu d'un vol exécrable en 2002, rêve d'une " compagnie entièrement classe affaires et financièrement accessible " . Il trouve une oreille attentive auprès de Christophe Bejach , directeur général adjoint et membre du directoire de la compagnie financière Saint-Honoré (holding de tête de LCF Rothschild ), et aujourd'hui président du conseil de surveillance d'Elysair.POSSIBLE RIPOSTE D'AIR FRANCEÀ la recherche d'un manager expérimenté et après plusieurs auditions infructueuses, tous deux finissent par contacter Marc Rochet. Sceptique au début, ce dernier donne son accord à l'été 2005. Pour les cofondateurs " l'essentiel était fait. Marc possède une bonne connaissance de tous les domaines du transport aérien ", expliquent-ils.Marc Rochet apporte les dernières retouches au dossier qui vise l'équilibre sur la première route au bout de dix-huit mois. Et il part en road-show auprès des investisseurs. Son nom rassure. Celui de Rothschild aussi. Très vite, 25 millions d'euros sont levés. Outre la compagnie financière et le trio Bejach-Yvelin-Rochet, le tour de table réunit une vingtaine d'hommes d'affaires, dont quelques grands noms du capitalisme européen ayant requis l'anonymat.Le volet financier verrouillé, Rochet pose une à une les pierres d'Elysair. Il sait faire. Depuis qu'il a quitté la scène médiatique à l'été 2001 après avoir été sorti du dossier de la reprise d'Air Liberté, il a participé à tous les lancements de vols long-courriers des compagnies des DOM-TOM. Mais aussi à ceux de transporteurs africains en rejoignant le pôle aéronautique de l'Aga Khan.Le projet convainc et L'Avion obtient ses précieux créneaux horaires à Orly en août 2006. " C'est le coeur du projet " , confirme Marc Rochet. Outre sa simplicité et sa proximité de Paris, cet aéroport est idéal pour la clientèle du sud de l'Île-de-France que vise L'Avion. Surtout, il lui évite de se frotter à Roissy aux Air France, Delta, American, Continental ou Air India, tous présents sur Paris-New York.Car le projet comporte sa part de risques et plusieurs inconnues demeurent. Notamment une possible riposte tarifaire d'Air France. " Tant que L'Avion ne devient pas trop gros, Air France laissera faire ", estime un observateur.CINQ DESTINATIONS PREVUESL'objectif de Rochet à cinq ans est modeste. Avoir cinq appareils (donc cinq routes) et proposer " un produit reconnu et de qualité " . Un second appareil sera lancé en juin 2007 probablement sur Boston. Une ville en Russie et au Moyen-Orient devraient suivre. Et dans l'esprit de Rochet, après avoir pérennisé l'entreprise dans les quatre ou cinq prochaines années, " ce sera sans doute à d'autres de la gérer. Il faut laisser la place aux jeunes " , dit-il.
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