Microsoft : Bill Gates tire sa révérence

C'était la onzième fois, mais aussi la dernière, que Bill Gates inaugurait, dimanche, le Consumer Electronic Show de Las Vegas. La dernière car le cofondateur et président de Microsoft a annoncé vouloir abandonner ses fonctions en juillet. En guise de testament, il a dessiné ce que sera le monde numérique, selon lui, d'ici les dix prochaines années. Un monde " intégré et connecté " partout et pour tous.Ce départ n'est pas une surprise : en 2000, Bill Gates avait déjà pris du recul vis-à-vis de Microsoft en abandonnant le poste de PDG pour prendre celui d'" architecte " en chef. Et il y a deux ans, il avait laissé entendre qu'il comptait tourner complètement la page dans le courant 2008. Malgré tout, le départ de Bill Gates va laisser un vide dans l'industrie des technologies de l'information et des communications (TIC). Car la carrière d'entrepreneur de Bill Gates, commencée en 1975, est indissociable de l'éclosion et de la propagation des nouvelles technologies dans le monde : ordinateur personnel, téléphone portable, console de jeux, Internet... tout ce qui fait aujourd'hui partie de notre quotidien est au coeur de l'activité de Microsoft. Une présence que la firme de Redmond doit en grande partie à Bill Gates dont le culot et l'opportunisme ont su faire d'une petite entreprise de l'ouest des États-Unis le géant mondial des nouvelles technologies.L'ICONE DE L'IMPERIALISME AMERICAINÀ l'origine, rien ne destinait ce fils de famille, promis à une belle carrière d'avocat, " comme papa ", à devenir l'un des gourous du monde numérique. Sauf que l'étudiant d'Harvard n'était pas très assidu et que l'époque se prêtait aux expériences :­ techniques d'abord avec l'arrivée de l'informatique dans les entreprises et de réelles perspectives pour le grand public mais aussi humaines avec un vivier de jeunes étudiants (Steve Jobs fondateur d'Apple, Paul Allen cofondateur de Microsoft, Larry Ellison patron d'Oracle) bien décidés à bousculer les dinosaures de l'époque (IBM, Digital...). Prompt à fleurer les bons coups " il n'a pas son pareil pour comprendre une technologie, l'adopter et la promouvoir avec un sens inné du marketing ", dit de lui James Wallace, l'un de ses biographes, Bill Gates s'est rapidement fait un nom. En proposant son système d'exploitation à IBM qui s'apprêtait à lancer les premiers ordinateurs personnels (PC) mais surtout en copiant l'interface du Macintosh à la grande fureur de Steve Jobs qui ne lui pardonnera jamais.Cette image sulfureuse, le patron de Microsoft va la traîner pendant des années, devenant même pour certains l'homme le plus haï du monde et l'icône de l'impérialisme américain. Ces sentiments entretenus par ses multiples rivaux (les Applemaniaques, les partisans du logiciel libre...) va atteindre son paroxysme lorsque Microsoft est accusé en 1999 par la Commission européenne d'abus de position dominante. La justice américaine avait déjà failli démanteler la firme de Redmond. Selon la rumeur, elle aurait été épargnée grâce à l'élection de Georges Bush - le père - en 2000. Mais, sur le Vieux Continent, la bataille va être beaucoup plus rude et s'est soldée pour Microsoft par une amende de 780 millions d'euros et de nombreuses concessions technologiques. Cet épisode bruxellois, géré plus ou moins habilement par Steve Ballmer, n'est pas la seule épine dans le pied du géant américain. Habituée à dominer ses marchés (92 % sur les systèmes d'exploitation, quasi autant sur les suites bureautiques), la firme de Redmond est de plus en plus menacée par les nouveaux arrivants, Google, Facebook et autres Ebay, qui n'hésitent pas - comme Microsoft en son temps - à piétiner les plates-bandes des aînés.LA PREMIERE ASSOCIATION CARITATIVE DANS LE MONDEEst-ce pour ces raisons que Bill Gates, qui vient enfin de recevoir son diplôme d'économie à Harvard, a choisi de passer la main ? Cela y a peut-être contribué. Mais sa décision est avant tout l'aboutissement d'une évolution personnelle qui a commencé en 2000 avec la création avec sa femme, très influente, de la " Bill et Melinda Gates Foundation ". Cette fondation s'est donnée pour but principal d'éradiquer les pandémies (paludisme, sida, choléra...) dans les pays émergents. Elle est devenue en huit ans la première association caritative dans le monde, dépensant chaque année autant que l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Aujourd'hui, Bill Gates veut passer à la vitesse supérieure. Deuxième fortune mondiale, il entend réserver 95 % de son argent personnel (40 milliards d'euros) à l'action humanitaire.
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