Dernière année à la barre de DCNS pour Jean-Marie Poimboeuf

Les discussions sur lasuccession de Jean-Marie Poimboeuf à la tête de DCNS ont été lancées en coulisse. Atteint par la limite d'âge le 16 janvier 2009, il devrait en principe laisser la barre du groupe naval à cette date. Peut-être même à l'été 2008 pour laisser son successeur travailler sur la montée au capital de Thales, qui a la possibilité de passer de 25 % à 35 % à partir d'avril 2009. Si officiellement personne ne tient à s'exprimer sur ce dossier, plusieurs candidats sont cités dans le milieu de la défense, selon des sources concordantes étatiques et industrielles.Dauphin désigné en interne par Jean-Marie Poimboeuf, le directeur général délégué du groupe naval Bernard Planchais est dans la course. Il ne serait pourtant pas le favori, analyse-t-on dans le milieu de la défense. De plus, Jean-Marie Poimboeuf, qui continue à prendre son rôle très à coeur, ne laisse guère de marge de manoeuvre à son numéro deux, observe-t-on dans l'entourage.DOSSIER SENSIBLELe prochain départ du PDG de DCNS ne laisse pas non plus indifférent Thales, qui détient 25 % du capital du groupe naval depuis avril. Prudent sur ce dossier sensible, l'électronicien ne veut surtout pas mettre le feu aux poudres chez DCNS, aussi bien à la direction que parmi les salariés, en revendiquant la tête du groupe naval pour un de ses barons. C'est dans cet esprit que le groupe Thales, présidé par Denis Ranque, a dans un premier temps avalisé le scénario écrit par Jean-Marie Poimboeuf pour Bernard Planchais. Mais ces dernières semaines, le nom de Jean-Georges Malcor, directeur général adjoint de Thales, chargé de la division navale, et administrateur de DCNS, est régulièrement évoqué. Fidèle à la ligne stratégique du groupe d'électronique, il dément. " Il ne veut pas laisser accréditer l'idée qu'il se positionne en tant que candidat à la succession de Jean-Marie Poimboeuf et donc déclencher une rivalité avec Bernard Planchais avec qui il s'entend très bien ", fait-on valoir au sein de Thales.Parmi les autres candidats cités par le milieu de la défense figure Hervé Guillou, PDG d'EADS Defence & Communications Systems, une des filiales d'EADS Defence. Pas sûr que Thales regarde favorablement sa candidature. À moins que l'État français ne facilite une montée d'EADS dans le capital de DCNS. Enfin, d'autres personnalités pourraient se montrer intéressées par le poste, comme le PDG de Technicatome, Dominique Mockly.En dépit d'une année 2007 plutôt terne, DCNS garde un potentiel commercial porteur. À condition que les commandes nationales promises ne soient pas remises en cause par la prochaine loi de programmation militaire. Le groupe naval doit enregistrer une année 2007 " difficile " . Le chiffre d'affaires est " équivalent à celui de 2006 ", soit environ 2,7 milliards d'euros. Mais l'objectif de prises de commandes n'a pas été " atteint ", a expliqué Jean-Marie Poimboeuf dans un entretien aux Échos. Ce qui se traduira par un chiffre d'affaires 2008 en recul de 5 % à 10 %.En début d'année, Jean-Marie Poimboeuf avait tablé sur deux contrats à l'exportation sur trois grands dossiers : quatre corvettes Gowind en Bulgarie, trois sous-marins au Pakistan, deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) en Australie. La décision pour le premier et le deuxième contrat a été reportée tandis que le troisième a été perdu par DCNS et son allié Thales. Sur le plan national, la décision de lancer un second porte-avions tricolore est attendue fin mars.PREVISION 2008 " EXCELLENTE"Au total, DCNS doit engranger pour 1,8 milliard d'euros de nouvelles commandes en 2007. En revanche, on table en interne sur une année commerciale " excellente " en 2008. Selon nos informations, DCNS doit concrétiser la vente au Maroc d'une frégate multimissions à la fin de la semaine. Après avoir remis une offre, le groupe naval attend pour fin janvier une réponse à un appel d'offres en Turquie pour la construction de six sous-marins à propulsion classique.À défaut d'avoir pu contribuer à la consolidation de l'industrie navale militaire en Europe, Jean-Marie Poimboeuf a remis DCNS ces quatre dernières années en ordre de marche, puis de bataille. C'est notamment lui qui a porté à bout de bras, souvent à contre-courant de ses troupes, la réforme du statut de DCN. Parmi ses projets de développement, il évoque un partenariat plus poussé avec le groupe nucléaire Areva, dont la filiale Areva TA produit des réacteurs de propulsion navale.ParcoursNé le 16 janvier 1944, Jean-Marie Poimboeuf, ancien élève de l'X et Supaero, a commencé sa carrière au ministère de la Défense en 1971 à la Direction des constructions navales (DCN) à Toulon. En 1984, il rejoint Paris, puis est nommé en 1992 directeur du site de Lorient. Il devient directeur des constructions navales (2000), puis PDG de DCN (2003), devenu DCNS en 2007.
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