Gareth Davis, roi du Davidoff et bientôt des Gauloises

Gareth Davis est un acquéreur convaincu autant qu'un fumeur acharné. Depuis le début de sa présidence en 1996, le patron d'Imperial Tobacco a dépensé 6,2 milliards de livres (8,3 milliards d'euros) en acquisitions. Une somme importante, mais qui n'est rien face aux 16 milliards d'euros qui lui seront nécessaires pour s'offrir Altadis. L'offre pour le producteur de cigarettes franco-espagnol prend fin aujourd'hui après une longue bataille. Imperial Tobacco a dû relever deux fois son offre avant d'obtenir l'aval d'Altadis.L'opération permettra au britannique de consolider sa position de numéro quatre mondial de l'industrie du tabac, derrière Altria (ex-Philip Morris), British American Tobacco et Japan Tobacco, avecdes revenus nets de 3,3 milliards de livres (4,4 milliards d'euros). Elle lui donnera aussi un profil plusdiversifié avec, à côté du Royaume-Uni et de l'Allemagne, ses principaux marchés, une présenceforte en France, Espagne et Portugal. Au total, le marché européen représentera après la fusion un peu plus de 60 % du chiffre d'affaires d'Imperial.UNE PERSONNALITE FORTEAux États-Unis, Gareth Davis se réjouit d'atteindre une " dimension considérable ", en ajoutant le " prestigieux business des cigares " d'Altadis aux ventes de Commonwealth Brands, le quatrième producteur de cigarettes américain, acquis au début de 2007. Le patron d'Imperial croit que le marché américain reste " très profitable ". Pour lui, l'époque des grandes poursuites judiciaires contre l'industrie du tabac est finie. " Les risques judiciaires aux États-Unis ne sont pas plus importants que ceux qui existent dans les autres pays ", explique son entourage. Mu par cette conviction, le groupe serefuse à tout miser sur les pays émergents et continue de cultiver les marchés mûrs. Imperial s'est aventuré l'an dernier au Canada, où il veut imposer Davidoff, devenue sa marque phare depuis son acquisition en 2006.Mais Gareth Davis n'a pas envie de s'arrêter là. " Nous continuons à rechercher des acquisitions ", dit-il. Après trente-cinq ans dans l'entreprise, cet homme à la personnalité forte, qui se sent aussi à l'aise dans un conseil d'administration que dans une usine de tabac, garde en mémoire l'instant où Imperial Tobacco a été admis à la cotation sur le New York Stock Exchange. C'était en 1998, deux ans après avoir été inscrit à la Bourse de Londres, à la suite de la scission avec son ancienne maison mère Hanson. " Ce jour-là, j'ai réalisé le chemin accompli par Imperial. " La route a continué : le groupe est passé d'une capitalisation de 2 milliards de livres en 1996 à 17,2 milliards aujourd'hui.LA FRILOSITE PARALYSANTE D'ALTADISPour Altadis, c'est la fin d'une histoire. L'ancienne Seita, née en 1810 et privatisée en 1995, arborait déjà partiellement un pavillon étranger depuis qu'elle avait conclu un mariage " entre égaux " avec son homologue espagnol Tabacalera en 1999. Le nouvel ensemble prenant le nom d'Altadis. Son rachat, neuf ans plus tard, par un acteur anglo-saxon marque l'échec de cette fusion, que les deux protagonistes qualifiaient pourtant " d'exemplaire ". S'étant d'un coup hissé au rang de quatrième groupe de tabac mondial en chiffre d'affaires mais en sixième position en termes d'unités vendues, Altadis restait un petit acteur derrière les géantsPhilip Morris, BAT-Rothmans et autres Japan Tobacco. À l'époque d'ailleurs, le groupe laissaitentendre qu'il avait l'intention de chercher rapidement de nouvelles alliances. Mais, résultat de dissensions entre les codirigeants espagnols et français ou d'une frilosité paralysante, Altadis n'a pas su saisir les opportunités qui passaient à sa porté et qui lui auraient permis d'accéder à la taille nécessaire pour s'affirmer dans un secteur en pleine concentration. Alors que les rachats se multipliaient, le franco-espagnol a raté une série de cibles comme Austria Tabak en 2001, l'allemand Reemtsma l'année suivante (acquis justement par Imperial Tobacco), la Régie italienne des tabacs en 2003... L'acquisition, la même année, de la Régie marocaine des tabacs n'a pas suffi à rattraper ces occasions manquées. Rien d'étonnant dès lors si Altadis a rapidement fait figure de proie potentielle, d'autant que les États français et espagnol se sont retirés du capital dès 2000.ParcoursNé le 13 mai 1950 à Bolton (Angleterre), Gareth Davis entre chez Imperial Tobacco à l'âgede 22 ans comme stagiaire.Il y fera toute sa carrière. Il travaille successivement à la productionde cigarettes, puis au contrôledes fabrications. Il est nommé responsable des opérations internationales en 1988,et devient directeur généralen 1996 à l'occasion de la scission d'Imperial Tobacco du holding Hanson, qui l'avait acquis en 1986.
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