Philippe Collot associe chercheurs et industriels à Gardanne

Philippe Collot coupe aujourd'hui en présence de six Prix Nobel de physique (*) le ruban du Centre de microélectronique de Provence Georges-Charpak qu'il dirige. Véritable pied de nez à l'histoire, cet établissement dépendant de l'École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne est situé à Gardanne, une commune de l'agglomération marseillaise sinistrée par la fermeture de ses mines de charbon en 2003. L'inauguration de cette École des mines clôt la période minière de Gardanne pour ouvrir celle de la microélectronique. Quelque 6.000 mineurs extrayaient du charbon des mines de Gardanne dans les années 1950.Si, dans un premier temps, Gardanne n'a pas su profiter de la reconversion du bassin minier, la ville capte aujourd'hui tout un réseau de PME gravitant dans l'univers du silicium et de ses applications. Car, autour des trois géants (Gemalto, STMicroelectronics et Atmel) installés non loin, s'est constitué un véritable écosystème, consacré par l'État sous la forme du " pôle de compétitivité mondial solutions communicantes sécurisées " (SCS), dont l'école constituera à la fois un outil et une pierre angulaire.L'ECOLE VOIT ENFIN LE BOUTDU TUNNELActuellement professeur à l'École des mines, Philippe Collot, chercheur de 47 ans, a commencé sa carrière dans l'industrie comme ingénieur chez Thomson-CSF puis chez Alcatel, dans des départements recherche et développement. Il préside la plateforme de recherche et développement mutualisée Micropacks du centre intégré de microélectronique (CIM Paca), géré par Arcis. Ces deux structures gravitant autour du pôle SCS associent chercheurs et industriels.Gardanne voit donc enfin le bout du tunnel. Philippe Collot aussi. Car l'école fonctionne comme elle peut depuis 2003 dans des locaux provisoires. Les travaux ont pris plus d'un an de retard, notamment en raison d'un premier appel d'offres infructueux. Mais le challenge semble aujourd'hui relevé pour un établissement de 21.000 m2 sans beaucoup d'équivalent en France. " Pas pour sa taille, mais pour l'agrégation de différentes composantes, formation supérieure, hébergement, présence d'industriels et recherche appliquée ", précise Philippe Collot. Il s'agit en effet d'un véritable campus à l'anglo-saxonne.Le Centre de microélectronique de Provence se veut l'application de la doctrine de l'État en matière de pôles de compétitivité. Pour la bagatelle de 50 millions d'euros, il regroupe sur un même campus de 6 hectares, logements, restauration, salles de cours, laboratoires pour 660 étudiants mais aussi pour le monde de l'entreprise. Il héberge des équipements de CIM Paca, qui fédère industriels, PME, laboratoires et universités travaillant dans la microélectronique maintenant réunis au sein du pôle mondial SCS. Son coeur, la Halle Système, contient déjà 3 millions d'euros de matériel (7 millions d'équipements prévus fin 2008), mis à la disposition des adhérents de CIM Paca. Elle propose à ses utilisateurs 650 m2 de salles blanches. " Les grands groupes viennent travailler ici, les start-up peuvent réaliser leurs prototypages et tester la fiabilité de leurs produits. Les entreprises utilisent nos locaux et prennent nos étudiants en stage ", explique Philippe Collot. L'école Georges-Charpak abrite la plateforme Micropacks et une antenne de la plateforme Conception de CIM PACA.La France possède déjà six " grandes centrales technologiques " et Gardanne entend devenir la septième. Tout en conservant sa spécificité. Car, selon Philippe Collot, " elles sont positionnées sur de la recherche académique en offrant aux laboratoires publics des ressources technologiques. Nous nous en distinguons par notre proximité du monde de l'entreprise. Les trois départements de recherche de l'école travaillent sur des domaines non couverts actuellement et répondant aux demandes de nos partenaires industriels, comme la sécurité ou le micropackaging ". Du personnel de Gemalto et de ST Microelectronics est détaché à Gardanne. Il s'agit d'ingénieurs, de techniciens et d'administratifs.Avant même que son école ne soit inaugurée, Philippe Collot s'est attelé à une seconde tâche, la construction d'une résidence pour chercheurs et professeurs invités et l'aménagement d'un quatrième département de recherche. Le projet représente une enveloppe de 30 millions d'euros. Philippe Collot espère une décision pour 2008.(*) Georges Charpak, Léon Lederman, Carlo Rubbia, Claude Cohen-Tannoudji, Horst Störmer, Albert Fert.
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