Joachim Hunold mène Air Berlin tambour battant

Officiellement, Joachim Hunold, président d'Air Berlin, n'a pas réagi au projet annoncé fin janvier par Lufthansa et TUI de regrouper leurs filiales aériennes à bas coûts. Au sein de la compagnie berlinoise, on semble considérer que ce projet de mariage ne constitue pas véritablement une menace. Pourtant, c'est bien pour contrer l'ascension ininterrompue d'Air Berlin que ses concurrents ont imaginé de se rapprocher.Née en 1991, la compagnie est longtemps restée marginale. Mais elle a construit progressivement sa croissance, capitalisant sur un concept hybride, mélangeant le modèle à bas coûts (low-cost) et le charter avec une bonne dose de caractéristiques des compagnies traditionnelles. Un modèle en grande partie hérité du profil de ses multiples acquisitions. Après avoir repris successivement DBA (une pure low-cost) et LTU (charter), elle est en passe de s'offrir Condor (mi-charter mi-low-cost). Résultat, elle pointe désormais en deuxième place dans le transport aérien allemand, derrière Lufthansa. Sans doute, Air Berlin devrait mettre momentanément une sourdine à ses appétits, pour se donner le temps de digérer ses proies. D'autant que l'intégration de LTU s'avère plus laborieuse que prévu. " L'année 2008 sera celle de la consolidation, après 2007 qui a été tirée par la croissance ", souligne Peter Hauptvogel, porte-parole du groupe.7.000 SALARIES ET UNE FLOTTE DE 124 AVIONSUne pause inhabituelle pour Joachim Hunold. Cet entrepreneur battant a consacré toute sa carrière à l'univers aérien, après avoir interrompu ses études de droit. En 1978, il trouve un emploi au sein de l'aéroport de la même ville. Il y supervisera le chargement et le déchargement des avions chez Braathens Air Transport. Puis il passera près de dix ans au sein de la direction des ventes et du marketing de LTU. C'est en 1991 qu'il décide de créer Air Berlin en même temps qu'il rachète la compagnie éponyme, Air berlin Inc., à un ancien pilote de feu la Pan Am. Sous sa direction, Joachim Hunold va profondément transformer le petit transporteur qui exploite alors 2 avions et emploie 150 personnes. Aujourd'hui, le groupe compte 7.000 salariés et une flotte de 124 avions desservant 99 destinations. Il a transporté l'an dernier un record de 27,9 millions de passagers.Au cours de l'aventure, " Achim ", comme on surnomme ce natif de Düsseldorf, a gagné une réputation de patron fougueux, à l'instar du bouillant patron de Ryanair, Michael O'Leary, ou du créateur de Virgin, Richard Branson. Joachim Hunold provoque, avec sa propension à tutoyer tout le monde, ses tapes d'épaules viriles, son aversion pour les syndicalistes. C'est d'ailleurs pour s'affranchir des règles de cogestion sociale à l'allemande qu'il a transformé en 2005 la SARL Air Berlin en société de droit anglais. Il n'en a pas moins réussi à préserver la paix sociale dans l'entreprise.Reste que la course à la taille qu'a menée la compagnie berlinoise ces derniers temps n'a pas pour l'heure convaincu les marchés, qui s'interrogent sur sa capacité à assimiler ses acquisitions. L'inquiétude se nourrit aussi des lourds besoins de financement d'Air Berlin qui a programmé l'achat de 110 avions d'ici à 2017. Ce qui fait qu'aujourd'hui le transporteur pèse une bouchée de pain en Bourse avec à peine 1 milliard d'euros de capitalisation au cours actuel. Et qu'il connaît un parcours boursier chaotique. Hier, l'action cotait autour de 11 euros, soit 1 euro de moins que son cours d'introduction en 2005.MULTIPLES MANIFESTATIONS D'ATTENTIONDe là à considérer qu'Air Berlin pourrait devenir une belle proie... il y a un pas que beaucoup se refusent à franchir. Du moins pour le moment. Est-ce pour exorciser une quelconque menace, Joachim Hunold affirmait l'été dernier ne percevoir aucun signal d'une quelconque offre hostile. Une déclaration réitérée hier par son porte-parole. Il est vrai que les grandes manoeuvres autour de la compagnie pourraient ne réellement démarrer qu'à partir de 2011. Jusqu'à cette date, Air Berlin restera détenu à 30 % par Thomas Cook, l'actuel propriétaire de Condor.Pourtant, la compagnie fait l'objet de multiples manifestations d'attention depuis quelque temps. Et ce, de la part d'investisseurs inhabituels. Ces derniers mois, l'homme d'affaires saoudien, Kamal Abdullah S. Bahamdan, a ainsi ramassé 3,1 % des titres, et le fonds Vatas, contrôlé par le Sud-Africain, Robert Hersov, a commencé à monter dans le capital pour atteindre rapidement une part de 18,6 %. Ce qui en fait le premier actionnaire de la compagnie devant la Deutsche Bank. Les motivations de ces achats restent inconnues.
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