Jacques Perrilliat, premier commis des grands magasins

Par latribune.fr  |   |  763  mots
Jacques Perrilliat a un agenda pour le moins chargé. D'ici à fin février, Bercy organise pas moins de neuf demi-journées de travail sur la réforme des soldes annoncée par la ministre des Finances, Christine Lagarde. " Tout doit être bouclé le 29, et le rapport doit être rédigé le 2 mars... par Valérie Expert, journaliste à LCI, et Gérard Mermet, sociologue au Credoc ", ironise le président de l'Union du grand commerce de centre-ville (UCV). Perplexe à l'idée de siéger pour l'occasion aux côtés de commerçants certes, mais aussi d'" une tripotée de fonctionnaires ainsi que de Michel Lejoyeux, psychiatre spécialisé dans l'addictologie de l'achat "." INTERLOCUTEUR CREDIBLE "Cet ancien préfet est connu pour ses piques moqueuses. Il ne renonce jamais à son humour pour aborder " avec distanciation " ses sujets de prédilection, rapportent ses interlocuteurs. N'y voyez toutefois aucun signe de dilettantisme chez cet ancien chef de cabinet de Georges Pompidou. Depuis dix-huit ans, il préside avec une belle détermination l'Union du grand commerce de centre-ville, fédération qui défend les intérêts des grands magasins (Printemps, Galeries Lafayette et BHV) et des enseignes Monoprix, C&A, Virgin et Habitat. " C'est un interlocuteur crédible. Il connaît parfaitement les rouages et le monde des cabinets ministériels ", raconte Arnaud Strasser, ancien directeur de cabinet de Renaud Dutreil, ex-secrétaire d'État aux PME et Commerce. En bon diplomate, il ne manquera pas de le démontrer d'ici au printemps, date à laquelle Bercy prévoit de réformer les soldes. En les supprimant, pour les remplacer par des opérations " récurrentes " tout au long de l'année.À 77 ans, bien qu'il s'apprête à quitter ses fonctions à l'été 2008, Jacques Perrilliat s'y oppose toujours. Il se bat contre cette mesure, comme il l'a fait il y a deux ans, lorsque le ministre des Finances de l'époque, Thierry Breton, envisageait déjà d'autoriser des soldes permanents. Commerçants et associations de consommateurs avaient réussi à faire enterrer ce projet, après s'être accordés sur une durée de six semaines, deux fois par an, et une date unique de démarrage. " C'est l'un de mes succès. Mais ce n'est pas parce que j'ai réussi avec Thierry Breton que je réussirai ici ! " s'amuse Jacques Perrilliat. C'est maintenant Christine Lagarde qu'il affronte. L'argument de la ministre est le même que celui de son prédécesseur : autoriser les soldes toute l'année améliorerait le pouvoir d'achat des Français. La plaidoirie de l'UCV n'a, elle non plus, pas varié d'un iota : " Les soldes sont un succès, pourquoi vouloir les modifier ? " interroge Jacques Perrilliat, défenseur indéfectible de cette grand-messe qui, deux fois par an, fait affluer des milliers de clients dans les allées des grands magasins.ELARGIR LA DEFINITION DES ZONES TOURISTIQUESAutre dossier dont Jacques Perrilliat va à nouveau se saisir : l'ouverture des magasins le dimanche. Là aussi, son discours est rodé : oui à une augmentation des autorisations, mais point trop n'en faut. Nicolas Sarkozy entend élargir les possibilités pour les commerçants d'ouvrir leur magasin au septième jour. Un début de réforme s'est engagé en décembre, les distributeurs d'ameublement ayant obtenu à l'arraché de pouvoir ouvrir tous les dimanches. Jacques Perrilliat n'en veut pas tant. Il plaide pour autoriser " six à douze ouvertures par an, contre cinq aujourd'hui " quel que soit le secteur et, surtout, élargir la définition des zones touristiques où, sous conditions, ouvrir un magasin un dimanche est autorisé.Sur ce dernier point, le président de l'UCV est revenu une fois de plus à la charge le 9 janvier, lors du lancement des soldes d'hiver. Il a profité de ce que la chambre de commerce et d'industrie de Paris célébrait son opération de charme auprès des touristes étrangers pour tenter sa chance auprès de Luc Chatel, chargé du portefeuille du Commerce, dans les allées du Printemps Nation à Paris. Objectif, obtenir que l'État accorde aux Printemps et Galeries Lafayette du boulevard Haussmann le droit d'ouvrir le dimanche 13 janvier. Sans entamer leur quota 2008 de cinq ouvertures. En vain. " Cela fait partie de la liste gigantesque de mes échecs ! " regrette Jacques Perrilliat.Qu'importe. Aujourd'hui, il pense que la réforme aboutira. Mais qu'elle passera par une proposition de loi d'initiative parlementaire, plutôt que par un projet de loi présenté par le gouvernement. Une méthode jugée plus consensuelle, pour une réforme qui suscite la polémique depuis des années.