Nonce Paolini à la recherche d'un nouveau souffle pour TF1

Les analystes financiers piaffaient depuis des semaines. Ils sont restés sur leur faim. Hier, à la suite de la publication des résultats 2007 du groupe TF1, pour la première réunion annuelle depuis sa nomination en mai, Nonce Paolini , ne les a pas convaincus. TF1 a affiché hier la plus forte baisse de la séance boursière à Paris, clôturant en recul de 4,92 % à 16,80 euros.L e groupe n'a donné pour 2008 qu'une seule perspective : celle d'une croissance du chiffre d'affaires de 2,4 %, bien plus faible que celle enregistrée en 2007 (+ 4,1 % à 2,76 milliards d'euros). Il a refusé de se risquer à une prévision de croissance du chiffre d'affaires publicitaire de TF1, qui représente encore 62 % des recettes du groupe. En 2007, il est resté quasi stable (+ 0,6 %), malgré l'ouverture pour la première fois des écrans aux annonceurs de la grande distribution. La modestie de l'évolution attendue en 2008 rejoint une analyse publiée mardi par ZenithOptimédia qui prévoit une croissance publicitaire nulle pour TF1 en 2009.Face à cette tendance qui semble durable, les analystes financiers attendaient des annonces stratégiques fortes et un plan de réduction de coûts chiffré. Tant la rupture introduite par l'arrivée de chaînes plus nombreuses dans les foyers avec la télévision numérique terrestre est plus brutale que prévue. Face à ce bouleversement, TF1 paraît en panne de renouvellement dans ses programmes : une émission autrefois phare, comme la "Star Academy", donne des signes d'essoufflement. La part d'audience de TF1 est descendue sous les 30 % en janvier (28 %) et même à 27,5 % sur une semaine de février ( M6 tombant à 10 %). Nombre d'analystes ne cachent plus leur scepticisme sur l'avenir du modèle de la chaîne leader, qui engrangeait depuis des années plus de 50 % des investissements publicitaires en télévision. Une récente note de la Deutsche Bank estime que " le groupe dépense trop pour les programmes pour défendre un objectif de part d'audience qui n'atteint pas un profit maximal ". Nonce Paolini s'est défendu, jugeant qu'" on enterre trop vite TF1 ", et assurant même que le " leadership s'est étendu " : la chaîne reste numéro un des audiences, rassemblant deux fois plus de téléspectateurs en prime time que M6 ; sa filiale TMC est la première des nouvelles chaînes de la TNT et a dégagé ses premiers bénéfices."OPTIMISATION" A TOUS LES NIVEAUXMais l'amélioration des performances figure bien au premier rang des orientations fixées pour le nouveau directeur général. À l'horizon de quatre ou cinq ans, le groupe devra réaliser 50 % de son chiffre d'affaires dans les diversifications (téléshopping, édition vidéo, distribution cinéma...). Cet objectif n'est pas nouveau, contrairement à celui d'améliorer l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 150 millions d'euros pour atteindre une marge de 20 % au lieu de 15,7 % cette année. Pour y parvenir, pas de coupes claires mais une " optimisation " à tous les niveaux - achats, coût de la grille, réorganisation de l'information entre LCI et TF1, organisation quotidienne... -, dans le cadre d'un plan baptisé " Optimax " non chiffré. Le groupe mise aussi sur l'accélération de la diffusion des contenus sur de multiples supports (télé, Web, produits dérivés...) et le développement sur le Web, qui représente aujourd'hui 18 millions d'euros de recettes. Une régie publicitaire on line chargée notamment de mieux monétiser l'audience des sites Web communautaires Wat et Overblog du groupe est créée.S'il refuse officiellement de miser son avenir sur un changement de la réglementation audiovisuelle, c'est bien là, pourtant, que Nonce Paolini risque de retrouver des marges de manoeuvre. La fin de la publicité sur les chaînes publiques et la transposition de la directive européenne qui permettrait d'augmenter le nombre d'écrans pourraient apporter à TF1 de 230 à 340 millions d'euros en 2009, selon ZenithOptimedia. La réforme des relations producteurs-diffuseurs permettrait d'optimiser les 460 millions d'euros dépensés chaque année en obligations de production de programmes. Enfin, la révision des dispositifs anticoncentration autoriserait le groupe à " acquérir une autre chaîne de la TNT ". Autant de réformes attendues en 2008, année que Nonce Paolini a qualifié de " charnière ". " Soyez patients ", a-t-il lancé aux analystes.Chronologie1949 : Naissance à Ivry-sur-Seine.1973 : Diplômé de l'IEP de Paris, entre chez EDF-GDF.1988 : Rejoint le groupe Bouygues aux ressources humaines.1999 : Directeur général adjoint des ressources humaines de TF1.2002 : Directeur général adjoint puis directeur général de Bouygues Télécom.2007 : Patrick Le Lay qui devient simple président du groupe TF1 lui cède la direction générale.
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