Philippe Carli, un patron " allemand " bien vu en France

Bonne nouvelle pour Philippe Carli. Le président de Siemens France a annoncé hier la signature d'un nouveau contrat avec la filiale de Veolia Environnement Eolfi pour la réalisation d'un parc de 18 éoliennes d'une puissance de 41 mégawatts. Parallèlement, le groupe allemand a livré dans la nuit de mardi les pièces maîtresses d'une nouvelle centrale électrique qu'il construit clé en main pour Poweo, premier opérateur d'énergie français indépendant. " C'est la première fois que Siemens livre des turbines en France ", se vante l'ingénieur qui vient de recevoir des mains de la ministre des Finances, Christine Lagarde, la légion d'honneur pour son engagement dans les relations franco-allemandes. Une avancée dont le Marseillais n'est pas peu fier.Aujourd'hui Siemens est le premier employeur étranger dans l'Hexagone avec quelque 12.000 salariés. Christine Lagarde a même souligné que " Philippe Carli contribuait à la croissance de l'économie française ", avant de rappeler hier que la sortie du groupe allemand du capital d'Areva NP n'était pas à l'ordre du jour. On est loin de l'époque où l'ancien président du groupe, Heinrich von Pierer, se plaignait de se sentir en France comme un amant éconduit. Malgré cent cinquante ans de présence, Siemens s'est longtemps senti mal traité en France face à Alstom, Alcatel et Schneider. Il y a près de quatre ans, Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances, l'avait même assimilé à un prédateur uniquement intéressé par les actifs rentables d'Alstom.UN PASSIONNE DE VOILELe changement de ton envers le groupe allemand est en partie imputable à Philippe Carli. L'homme a su soigner les relations avec les milieux politiques français. Depuis l'été dernier, il a même coiffé la casquette de président de la chambre franco-allemande de commerce et d'industrie (CFACI). Contrairement aux précédents patrons de Siemens France, ce passionné de voile a l'avantage d'avoir vécu plusieurs années immergé dans la culture de la maison. À sa sortie de Supelec, il avait d'abord rejoint Aerospatiale pour faire de la recherche. Deux ans plus tard, il bifurque et part à Karlsruhe chez Siemens comme chef de produit dans les semi-conducteurs. C'est là qu'il prend conscience de la nécessité de bâtir une Europe forte autour du couple franco-allemand face à la mondialisation. En 1988 pourtant, il se laisse attirer par Hewlett Packard qui l'envoie un temps en Californie. Mais deux ans après, il décide de retourner chez Siemens où il navigue en France de division en division avant de prendre la direction d'un département à Nuremberg. Il n'aura pas le temps de faire ses preuves, rappelé à Paris pour diriger la principale filiale, alors mal en point. En octobre 2003, il est officiellement président.À Munich, on reconnaît qu'il a changé la physionomie de Siemens France. Quand il a pris les manettes de la filiale française en octobre 2003, celle-ci venait de réaliser un chiffre d'affaires de 3 milliards. En quatre ans, Philippe Carli a réussi à ajouter 1 milliard de ventes, soit une croissance moyenne de 6 % par an, sans compter les acquisitions de sa maison mère dont il a fallu intégrer les équipes. Un travail de fourmi qui porte ses fruits même si ce physicien aimant les systèmes complexes sait que le défi n'est pas terminé.REVANCHEAlors qu'il venait de dépasser la barre des 4 milliards de commande dans l'Hexagone, la cession de l'équipementier automobile VDO à Continental lui a fait perdre d'un coup 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Montant qu'il veut compenser dans les trois ans par de nouveaux contrats dans l'énergie, secteur qu'il suit particulièrement aujourd'hui. Cela lui aurait valu quelques désagréments à Munich d'après le magazine Wirt-schaftswoche : sans en avoir parlé au nouveau président, Peter Löscher, il aurait assuré à la presse française que Siemens non seulement tenait à sa participation dans Areva NP, mais entendait l'augmenter. C'était le discours de l'ancien patron de Siemens, Klaus Kleinfeld, avec qui il entretenait des relations très directes.Aujourd'hui, les liens avec Peter Löscher sont plus distendus, le nouveau président étant surtout occupé depuis son arrivée à combattre la corruption et restructurer le groupe. Philippe Carli se serait bien vu diriger une division en Allemagne. Mais la nouvelle équipe dirigeante a préféré des Allemands. Une déception.ParcoursNé à Marseille en 1960, Philippe Carli décroche une maîtrise de physique avant d'entrer à Supelec. En 1986, il est engagé chez Siemens où il passera toute sa carrière à l'exceptionde trois années chez Hewlett-Packard. Parti en 2002 pour s'occuper d'une division mondiale à Nuremberg, il est rappelé six mois plus tard pour redresser la principale filiale française. Un an après, il est nommé président de Siemens France.
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