Olivier François, le Français qui doit sauver Lancia

Nous sommes à la minute de vérité pour Lancia. " Olivier François , patron de la marque italienne, ne cache pas qu'avec le lancement mardi prochain au Salon automobile de Genève de son nouveau modèle de voiture familiale, la Lancia Delta, il joue gros. Ce nouveau modèle compact est l'aboutissement d'un travail de deux ans durant lesquels le manager français venu de Citroën s'est employé à repositionner cette marque centenaire en déshérence et revoir le réseau de distribution. La pression est d'autant plus forte que, en l'absence de nouvelles voitures estampillées Fiat , " 2008 sera une année importante pour Lancia et Alfa Romeo avec le lancement de nouveaux modèles " , souligne Luca Cordero di Montezemolo , président du groupe turinois.Olivier François reconnaît qu'il s'agit d'"une lourde responsabilité, car la Delta concentre les valeurs autour desquelles nous voulons relancer Lancia ", c'est-à-dire le bon goût et le chic à l'italienne. Vaste programme pour un label sans nouveau modèle depuis des lustres ! Avec la Delta, dont la production commencera le 1er mai dans l'usine de Cassino (Latium) qui produit déjà la Fiat Bravo, le groupe piémontais fait plusieurs paris risqués." L'EFFET CARLA BRUNI "Après avoir tenté de relancer la marque à coups d'astuces marketing, faute de vrais investissements, Lancia propose une voiture moyenne, qui manque cruellement à sa gamme et doit rappeler aux passionnés ce qu'était la Delta de 1980. Avec ce modèle au prix de base d'environ 19.000 euros, le groupe espère concurrencer à la fois les Volkswagen Golf et Passat, les Renault Mégane ou Laguna, les Audi A3 et A4. En cela, Olivier François a fait de nécessité vertu : " J'arrive à couvrir plusieurs segments en évitant d'investir dans deux ou trois voitures différentes ".Si Lancia a augmenté ses ventes de 4,5 % à 121.582 voitures en 2007 en Europe, sa part de marché reste dérisoire (0,8 %) et ses ventes y sont six fois inférieures à celles de BMW. Il se dit aussi que Lancia n'a jamais gagné d'argent depuis son rachat par Fiat en 1969. Artisan du renouveau du groupe Fiat, son administrateur délégué, Sergio Marchionne, a accordé un sursis à Lancia, histoire de vérifier " avant de couper cette branche morte, si elle n'était pas seulement cliniquement condamnée par un manque d'investissements ". Quitte à lui assigner l'objectif ambitieux d'écouler 300.000 Lancia en 2010, trois fois plus qu'aujourd'hui. Un objectif qui semble bien élevé. En cas d'échec, Fiat pourrait se séparer de la marque, désormais filialisée au sein du groupe. À condition qu'il trouve un acheteur. " Grâce au côté visionnaire de Sergio Marchionne, la mort présentée comme inéluctable de Lancia a été évitée : au beau milieu de la passe difficile du groupe Fiat, il a choisi d'investir dans Lancia, en anticipant d'un an la sortie de nouveaux modèles comme la Delta. " On comprend dès lors que la peur d'un départ de Sergio Marchionne de Fiat, alimentée par sa nomination à la vice-présidence de la banque suisse UBS, puisse secouer ces jours-ci le cours de Bourse du groupe. Olivier François a eu aussi un peu de chance : " Pour relancer la Lancia Musa, nous avons dépensé en marketing et publicité un dixième de ce qu'investissent nos concurrents mais cela a bien marché, bien sûr grâce à l'effet Carla Bruni ", apparaissant dans la campagne publicitaire. Pour le lancement de la Delta en juin prochain en Italie puis à l'été en France, Olivier François " doit s'adresser à une clientèle plus oecuménique ", à savoir aussi les hommes car ce modèle doit être la principale voiture du foyer.UN CAFE LANCIA SUR LES CHAMPS-ÉLYSEES DEBUT 2009Et puis, il faut aussi " un réseau de concessionnaires de tout premier ordre " pour atteindre l'objectif de 70.000 Delta vendues par an dès 2009. Selon le patron de la marque, " avec 150 concessions en France, particulièrement dans les quartiers chics des grandes villes, nous avons une couverture satisfaisante pour un constructeur étranger ", tout en promettant aussi l'ouverture d'un Café Lancia sur les Champs-Élysées début 2009. Lancia veut écouler à terme 40 % de sa production à l'étranger contre à peine 20 % aujourd'hui. Après avoir introduit Lancia en Ukraine, Turquie ou Roumanie récemment, Olivier François promet l'arrivée de la marque en Scandinavie et en Russie cette année et l'an prochain en Grande-Bretagne et au Japon.ParcoursNé à Paris en 1961, Olivier François obtient un diplôme d'économie, finance et marketing à Dauphine et celui de Sciences po Paris en 1988. Il entre en 1990 chez Citroën comme responsable marketing pour le marché français puis à partir de 1995 pour l'Europe. Directeur général des filiales danoise puis italienne de Citroën, il passe en octobre 2005 chez Fiat comme patron de Lancia.
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